
Les Français ne rêvent pas seulement de cadeaux, mais de présents qui leur fassent effectivement plaisir, comme le chèque-cadeau, qui leur permet de choisir eux-mêmes. Quant aux présents mal ciblés, ils n'hésitent plus à s'en défaire sur internet.
"On s'arroge le droit d'aimer ou de ne pas aimer ce qu'on reçoit en cadeau, ça s'inscrit dans une tendance de maîtrise de sa propre consommation", explique Gérard Mermet, sociologue et directeur du cabinet d'études Francoscopie.
Pour Noël, "les Français rêvent de recevoir plutôt des chèques-cadeau", qui permettent à ceux qui les reçoivent de concrétiser leurs envies, et à ceux qui les offrent d'avoir "quand même l'impression de faire un cadeau", explique Pascale Hébel, directrice du département consommation au Crédoc.
"Il y a moins de culpabilité à afficher le prix, parce que même quand c'est un autre type d'objet, avec internet, on sait maintenant facilement le retrouver", explique-t-elle.
Les offres de coffrets cadeaux (séjours, bien-être, activité sportives), qui se vendent notamment à Noël, se sont développées aussi sur une promesse de satisfaction, grâce au choix proposé.
Sur la Toile se développent aussi les "listes de souhaits", où les internautes affichent leurs envies afin que leurs proches les connaissent. Leur utilisation ne semble pas encore très répandue, mais elle "s'inscrit aussi dans cette tendance de vouloir mieux cibler les cadeaux avec l'idée de faire plaisir, pas simplement céder à l'obligation sociale ou morale" de faire un cadeau, indique Gérard Mermet.
Les distributeurs sont en revanche nombreux à mettre en valeur leurs meilleures ventes, afin de guider les consommateurs en panne d'idées. "C'est un moyen de limiter le risque d'erreur. En achetant ce qui se vend le mieux, il y a plus de chances que ça fasse plaisir, puisque tout le monde achète", estime Antoine de Riedmatten, associé chez Deloitte.
Les produits les plus revendus passé Noël sont justement les plus vendus, relève Pierre Kosciusko-Morizet, président du site internet de vente entre particuliers PriceMinister.
"Plus un produit est médiatisé, et donc plus c'est une meilleure vente, plus on l'offre quand on ne sait pas ce que la personne veut, explique-t-il. Donc il y a encore plus de chances que ça ne lui plaise pas", ou que le destinataire reçoive ces cadeaux en double.
Au lendemain du réveillon, devraient ainsi affluer sur internet le dernier Goncourt, les livres de Pierre Dukan (régimes minceur), les "Harry Potter" ou "Métronome" de Lorant Deutsch.
L'insatisfaction et le doublon ne sont pas les seuls motifs de revente : un internaute sur quatre revendra son cadeau une fois "utilisé", quand il aura lu le livre, regardé le DVD ou joué au jeu vidéo offert. "Ce n'est pas juste de l'insatisfaction, c'est tout simplement une manière de consommer différente", précise Pierre Kosciusko-Morizet.
D'autres enfin revendent "parce que parfois même quand on est satisfait, on a besoin d'argent".
Désormais, "les gens disent beaucoup plus volontiers qu'ils vont vendre une partie des cadeaux qu'ils reçoivent", souligne Gérard Mermet. "C'est à la fois socialement acceptable et économiquement rentable", "à un moment où les Français ont le sentiment que leur pouvoir d'achat diminue", explique-t-il.
En France, cosmétiques et chocolats arrivent en tête des intentions de cadeaux pour adultes, selon une étude de Deloitte. Mais les chocolats ne se revendent pas sur internet.