
Au terme d'un long feuilleton, le conseil de surveillance d'Areva a approuvé samedi l'augmentation de son capital pour une somme de 900 millions d'euros apportés par le Koweït et l'Etat français, un apport d'argent frais loin des montants initialement espérés par le groupe.
Le Koweït, par le biais de son fonds souverain (KIA) qui s'est engagé à la stabilité de sa participation de 4,8% pour 18 mois, apportera 600 millions d'euros, et l'Etat 300 millions, comme l'avait déjà annoncé le ministère de l'Economie vendredi.
Initialement, le fonds souverain du Qatar et Mitsubishi Heavy Industries (MIH) devaient également prendre part à cette augmentation de capital avant de finalement se retirer des négociations.
La participation de MIH avait été jugée contraire aux intérêts des deux autres champions français du nucléaire, EDF et Alstom. Et celle du Qatar avait été retoquée au vu de ses exigences.
La participation du Koweït permet finalement à l'Etat d'atteindre son objectif de boucler avant la fin de l'année l'opération. Celle-ci, qui reste soumise à une procédure d'information et de consultation des représentants du personnel, doit également être approuvée par une assemblée générale des actionnaires qui aura lieu le 23 décembre.
Le montant levé "est beaucoup moins élevé que ce qu'escomptait Areva", relève Bruno Blachon, responsable de la branche énergie atomique à la Fédération Mines Energie de la CGT.
"Enfin, la saga commence à se terminer", soupire de son côté Dominique Chevalier, représentant du personnel au comité de groupe européen. "Mais on s'étonne que ce soit 900 millions d'euros seulement qui aient été levés", ajoute-t-il.
Si elle respecte les délais, l'opération est en effet très en-deçà des objectifs fixés lors de l'annonce du plan de financement d'Areva en juin 2009. Le géant de l'atome avait alors prévu une ouverture de 15% de son capital et il espérait lever entre 1,5 et 3 milliards d'euros pour financer ses investissements.
"Il n'y avait pas urgence à opérer avant la fin de l'année", fait valoir M. Blachon. "Il aurait été plus judicieux de se poser", ajoute-t-il, soulignant qu'Areva avait récemment réussi à obtenir des financements par le biais d'emprunts à des taux intéressants.
Pour y remédier, l'Etat n'exclut pas une deuxième augmentation de capital au printemps, Bercy ayant indiqué vendredi qu'il pourrait "lancer avec Areva des réflexions sur d'autres opérations de financement destinées, si besoin est, à compléter cette première augmentation de capital".
L'entrée de KIA au capital d'Areva devrait en outre s'accompagner d'un autre changement profond pour le groupe public.
"Afin d'assurer à terme la liquidité des titres souscrits, l'Etat s'est engagé à faire ses meilleurs efforts pour procéder à la cotation des actions ordinaires au cours du premier semestre 2011", souligne en effet Areva, confirmant une annonce faite par Bercy vendredi.
En clair, Areva devrait faire son entrée en Bourse, un souhait de longue date de sa présidente Anne Lauvergeon.