La recapitalisation d'Areva est sur les rails après des mois de tergiversations: le Koweït et l'Etat français vont apporter 900 millions d'euros au groupe nucléaire public, loin des objectifs fixés initialement, en attendant un éventuel nouveau tour de table au printemps 2011.
Le ministère de l'Economie a annoncé vendredi l'aboutissement des discussions avec le dernier investisseur encore en lice, le fonds souverain du Koweit (KIA).
Ce dernier va apporter 600 millions d'euros d'argent frais au mastodonte français du nucléaire, prenant une participation de 4,8% à son capital, aujourd'hui détenu à plus de 93% par l'Etat.
Les pouvoirs publics apporteront, eux, 300 millions d'euros à cette levée de fonds, afin de pallier le manque d'investisseurs.
Initialement, le fonds souverain du Qatar et le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) devaient également participer à l'opération.
Mais la participation de MHI a été jugée contraire aux intérêts des deux autres champions français du nucléaire, le fabricant de turbines Alstom et l'électricien EDF.
Quant au Qatar, ses exigences sur le prix et son souhait de prendre une participation dans les lucratives activités minières ont essuyé un refus de l'Elysée.
L'augmentation de capital va permettre à Areva de "financer un programme d'investissements particulièrement ambitieux", s'est félicité Bercy dans un communiqué, qui précise qu'elle valorise le groupe à 11,5 milliards d'euros.
Un conseil de surveillance d'Areva doit approuver l'opération samedi 11 décembre à 10H00.
En annonçant cette levée de fonds, l'Etat remplit son objectif de conclure l'opération "avant la fin de l'année", comme annoncé par l'Elysée en juillet.
Le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) Jean-Pierre Jouyet a confirmé vendredi que l'opération pourrait être approuvée dans les temps.
"L'AMF se félicite que le long suspense (...) prenne fin", a ironisé M. Jouyet au cours d'une conférence de presse. Mais si l'Assemblée générale d'Areva ne "se tient pas avant Noël, il ne faudra pas demander à l'AMF de bénir une augmentation de capital avant la fin de l'année", a-t-il mis en garde.
Intialement, le conseil de surveillance d'Areva devait approuver l'opération le 16 novembre et l'AG se tenir le 10 décembre. Mais ce calendrier a été reporté à au moins quatre reprises.
Si elle respecte les délais, l'opération est toutefois très en deçà des objectifs fixés lors de l'annonce du plan de financement d'Areva en juin 2009. Le géant de l'atome avait alors prévu une ouverture de 15% de son capital et il espérait lever entre 1,5 et 3 milliards d'euros pour financer ses investissements.
"L'opération ne correspond pas à NOS besoins de financement, il nous faut encore 1,5 milliard d'euros", a regretté Jean-Pierre Bachmann, coordinateur CFDT chez Areva.
Le groupe nucléaire a levé environ 5,5 milliards d'euros depuis un an et demi en vendant sa branche de transmission et distribution d'électricité (T&D) et en cédant ses participations dans Total, GDF Suez et Safran.
L'Etat n'exclut toutefois pas un second tour de table au printemps, Bercy ayant indiqué qu'il pourrait "lancer avec Areva des réflexions sur d'autres opérations de financement destinées, si besoin est, à compléter cette première augmentation de capital".
EDF et Alstom sont notamment pressentis pour participer à une nouvelle levée de fonds.
La CGT a critiqué dans un communiqué une politique industrielle "à coups de rachat et de revente au gré des évolutions de la finance sans réelle perspective à moyen terme".