La France estime qu'il n'y a pas lieu, pour l'instant d'ajouter l'émission d'obligations européennes à la panoplie des réponses à apporter à la crise financière qui secoue la zone euro, a indiqué jeudi l'Elysée à la veille d'un conseil des ministres franco-allemand.
"Il n'y a pas lieu aujourd'hui de discuter de nouvelles propositions alors même que nous venons de nous mettre d'accord sur un mécanisme permanent" de soutien, a fait savoir la présidence française.
Cette proposition "a fait l'objet de réactions de la part de l'Allemagne, elle pose des difficultés, notamment de moralité, de partage des coûts et des gains des émissions", a ajouté la même source.
"Aujourd'hui, nous avons un dispositif qui a été agréé par l'ensemble des pays européens à l'Eurogroupe, qui fait l'objet d'un accord, avec un mécanisme permanent, intergouvernemental de soutien en cas de crise, qui fonctionne selon des règles précises, un accord sur l'implication du secteur privé selon les règles mises en oeuvre par le FMI", a-t-on également plaidé.
Les 16 pays de la zone euro se sont mis d'accord le 28 novembre sur la création en 2013 d'un mécanisme permanent de secours aux pays qui traversent des difficultés financières, comme ce fut le cas pour la Grèce puis l'Irlande, pour succéder à l'actuel fonds d'urgence.
Ce nouveau mécanisme permanent doit être approuvé par les 27 lors du Conseil européen de Bruxelles les 16 et 17 décembre.
Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a plaidé lundi avec le ministre italien des Finances Giulio Tremonti pour la création d'"euro-obligations", des emprunts lancés en commun par plusieurs Etats pour mutualiser les risques.
Il s'est attiré une réponse négative immédiate de la chancelière allemande Angela Merkel, aussitôt qualifiée par M. Juncker d'attitude "anti-européenne".
L'Elysée a par ailleurs écarté jeudi l'éventualité d'une augmentation des ressources du Fonds de secours pour les Etats en difficulté, sur laquelle les pays de la zone euro se disputent, malgré des appels en ce sens du directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn.
"Aujourd'hui, le fonds a une taille qui lui permet de faire face aux éventuelles demandes. Donc la question ne se pose pas aujourd'hui de son augmentation", a-t-on estimé à la présidence française, tout en rappelant être "toujours prêts à prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder la stabilité de la zone euro dans son ensemble".
Le fonds est doté actuellement de 440 milliards d'euros de garanties de prêts des pays de la zone euro, complétés par 250 milliards d'euros de prêts du FMI et par 60 milliards d'euros de prêts de l'UE.
Ces sujets doivent être abordés vendredi par Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel à l'occasion du 13e conseil des ministres franco-allemand qui se tient à Fribourg (Allemagne).