Le voyage d'affaires a récupéré en 2010 une bonne partie du terrain perdu en 2009, mais la crise a laissé des traces durables et l'heure n'est ni à l'euphorie ni au luxe d'antan, même si les professionnels tablent sur une demande encore à la hausse l'an prochain.
Selon des études et des professionnels du secteur interrogés par l'AFP, les niveaux d'avant-crise n'ont pas été retrouvés dans le voyage d'affaires, indicateur rapide de santé économique.
"La reprise va se confirmer en 2011, mais il n'est pas certain qu'elle revienne au niveau d'avant-crise, compte-tenu de certains facteurs économiques peu optimistes, en Europe notamment (Grèce, Irlande, voire Espagne...)", affirme Michel Dieleman, président de l'Association française des Travel Managers (AFTM).
Opinion partagée chez American Express, dont le patron de la branche voyages d'affaires, Charles Petruccelli, juge "difficile de dire si, en 2011, les niveaux d'avant-crise, c'est à dire 2007, seront retrouvés".
Pour Carlson Wagonlit Travel, autre géant du secteur, la croissance a atteint 17% au premier semestre, "un rattrapage" selon le patron du groupe Carlson, Hubert Joly.
En 2009, le voyage d'affaires avait perdu entre 15 et 20% de chiffre d'affaires.
Les businessmen seraient-ils cantonnés à vie aux classes économiques des avions et aux hôtels moyen de gamme, loin du luxe d'antan? Pas si simple.
"On me dit à chaque crise que les entreprises ont changé de comportement. Non! Si je veux gagner des parts de marché en Chine, il faut bien y aller!", s'exclame M. Joly.
Chine, Inde ou Brésil sont, à l'instar d'autres secteurs, devenus des relais de croissance pour les géants du voyage d'affaires.
Après avoir freiné brutalement leurs dépenses en 2009, "nos clients ont repris leurs déplacements en 2010, mais de façon prudente. Ils gardent les bonnes pratiques mises en oeuvre l'an passé", affirme Jérôme Fouque, directeur général France d'Egencia, filiale du voyagiste américain Expedia.
Au menu des directions: politiques de voyages renforcées, plus de contrôles, approbations systématiques de déplacement, évaluations de leur pertinence etc.
2011 n'annonce pas de relâchement, selon Egencia: 52% des entreprises en Europe n'augmenteront pas leurs budgets voyage par rapport à 2010, 13% seulement prévoyant des hausses.
La différence se fait sur le type de voyage: gagner des parts de marché à l'étranger ou réunir des collaborateurs ailleurs qu'au siège.
Dans le premier cas, la business class ne posera pas forcément de problème: "la téléprésence ne permet pas de rompre le pain, de développer de vrais liens commerciaux", résume Hubert Joly.
Pour Christophe Renard, directeur monde du business intelligence CWT, "on peut vivre de façon serrée pendant un an, après ce n'est pas durable".
En 2011, les entreprises devront faire face à des augmentations de tarifs selon l'américain Advito, filiale de BCD Travel, troisième opérateur mondial, même si dans l'aérien ou l'hôtellerie, elles ne seront "pas dramatiques" au regard des baisses de 2008 et 2009.
Cela pourrait néanmois amener des compagnies low-cost à séduire de plus en plus de clients d'affaires, souligne M. Renard.
Les séminaires et autres réunions pour récompenser ses meilleurs collaborateurs ou clients sont encore en panne, pour des raisons budgétaires mais aussi environnementales, question d'image et d'obligation: à partir du 1er janvier 2012, les entreprises de plus de 500 salariés devront publier leur bilan carbone, rappelle le président de l'AFTM.