Président de la Fédération bancaire française (FBF) depuis début septembre, le patron du groupe BPCE François Pérol veut tenter de dissiper le "malentendu" autour des banques, critiquées depuis le début de la crise, estimant au contraire qu'elles sont "au service de l'économie".
Au cours d'un entretien exclusif accordé à l'AFP, M. Pérol rappelle que malgré la forte dégradation de la conjoncture économique, les banques françaises ont fait progresser le volume des crédits en 2009 et très probablement en 2010, une des plus fortes progressions d'Europe.
"Après la crise, qui est d'origine américaine, les banques françaises ont été mises dans le grand ensemble des responsables", constate-t-il.
Il concède des "maladresses", "mais le chapeau qu'on veut nous faire porter en termes de responsabilité est beaucoup trop grand pour nous".
Combatif, M. Pérol veut relever le défi de l'image, après deux années difficiles durant lesquelles les banques ont parfois été accusées de restreindre le crédit ou de facturer des frais trop élevés à leurs clients.
"Nous sommes des entreprises concurrentielles sur un marché concurrentiel au service de l'économie française", fait valoir M. Pérol, pour qui "les taux des crédits que nous pratiquons le montrent".
Se basant sur une enquête réalisée en agences, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a dénoncé mardi les freins que mettraient, selon elle, les banques à la mobilité de leurs clients, se ménageant dès lors une marge de manoeuvre pour pratiquer des tarifs élevés.
"Je ne dis pas que ce que nous faisons est parfait, loin de là", répond M. Pérol, affirmant que "s'il y a des situations anormales, il faut qu'on les corrige".
Pour autant, il rappelle que "les banques françaises respectent leurs engagements qui font l'objet d'un suivi annuel au sein du Comité consultatif du secteur financier avec l'ensemble des associations de consommateurs. En outre, l'application de ces engagements est contrôlée par l'Autorité de Contrôle Prudentiel", régulateur du secteur.
"Il n'y a pas d'entente entre les banques pour essayer de limiter la mobilité entre elles", assure l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, pour qui "les banques essayent tous les jours de prendre les clients de leurs concurrents".
Le premier artisan du rapprochement entre Banque Populaire et Caisse d'Epargne, en 2009, estime, en outre, qu'avec la montée en puissance d'internet, "les consommateurs sont capables de comparer".
Malmenées par certaines associations de consommateurs, les banques le sont aussi par le gouvernement, qui va leur imposer une nouvelle taxe qui devrait leur coûter environ 500 millions d'euros en 2011.
Une mesure qui doit, selon la ministre de l'Economie Christine Lagarde, inciter les banques à "contrôler leur prise de risque".
"Cette taxe n'est justifiée ni par la nécessité de rembourser le contribuable, ni par la situation macroéconomique", argumente le président de la fédération bancaire.
"Il ne s'agit pas non plus de créer un fonds qui viendrait en soutien du capital des banques en cas de crise systémique, puisque les fonds vont être versés au budget de l'Etat", avance-t-il. "Elle va peser sur le crédit", prévient-il.