La croissance britannique a ralenti nettement moins que prévu au troisième trimestre, apaisant les craintes d'un retour du Royaume-Uni dans la récession, un répit qui tombe à point nommé pour son gouvernement engagé dans une cure d'austérité sans précédent.
Le Produit intérieur brut du Royaume-Uni a augmenté de 0,8% au troisième trimestre, et de 2,8% sur un an, a annoncé mardi l'Office des statistiques nationales.
Cela représente un net ralentissement par rapport au deuxième trimestre, où la croissance britannique s'était élevée à 1,2%.
Mais c'est néanmoins le double de ce que prévoyaient les économistes: ceux-ci tablaient sur un ralentissement encore plus marqué, à 0,4%. C'est également le meilleure score en cette période de l'année depuis 1999.
Ces chiffres ont soulagé les craintes sur un retour du Royaume-Uni dans la récession.
Ces inquiétudes, alimentées depuis des semaines par le ralentissement perceptible de la croissance aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens, avaient été encore ravivées la semaine dernière avec l'annonce de coupes budgétaires draconiennes par le gouvernement dirigé par le conservateur David Cameron.
L'opposition travailliste et certains économistes ont souligné le danger que ces coupes ne sapent la reprise économique.
Le ministre des Finances George Osborne s'est félicité de cette nouvelle propre à faire taire les Cassandre du Labour. "Bien que les conditions économiques mondiales restent variables, cela me donne confiance qu'un solide rétablissement est à l'oeuvre", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Les économistes ont quant à eux conclu que ces chiffres réduisaient les chances d'une relance prochaine des mesures exceptionnelles de soutien à l'économie (dites d'"assouplissement quantitatif"), que la Banque d'Angleterre avait mises en place l'an dernier pour aider le pays à s'extirper de la récession. L'éloignement de ces mesures a d'ailleurs permis à la livre sterling de se raffermir un peu face au dollar et à l'euro.
Mais les mêmes experts estiment aussi que ce n'est que partie remise, continuant à tabler sur une dégradation de la croissance dans les mois qui viennent, notamment avec l'entrée en action des coupes budgétaires.
"La solidité de la croissance du troisième trimestre a donné pour le moment un coup d'arrêt aux chances d'une relance de l'assouplissement quantitatif par la Banque d'Angleterre", a souligné Howard Archer, du cabinet IHS Global Insight, ajoutant aussitôt que cela ne changeait en rien sa prévision d'un ralentissement dans les trimestres à venir.
De même, Jonathan Loynes, de Capital Economics, a dit s'attendre à un affaiblissement de la croissance britannique à environ 1% l'an prochain, après 1,7% cette année. Ce qui lui fait dire que la Banque d'Angleterre relancera probablement dès février ses mesures exceptionnelles.
Autre bonne nouvelle pour le gouvernement, l'agence de notation Standard & Poor's a relevé mardi de "négative" à "stable" la perspective de la note d'endettement du Royaume-Uni, qui reste fixée à AAA, la note maximale, estimant que le plan d'austérité permettrait de remettre les finances publiques "sur une trajectoire plus soutenable".