Les entreprises françaises semblent avoir pour la plupart tourné le dos à la crise mais, encore "convalescentes", elles craignent désormais de ne pas être accompagnées par les banques dans la phase cruciale de la reprise.
Depuis plusieurs mois, les signaux positifs ne manquent pas. Selon une étude publiée jeudi par la société Altares, spécialisée dans l'information sur les entreprises, le recul des faillites s'est accentué au troisième trimestre, notamment pour les PME, plus durement touchées pendant la crise.
Présentant le bilan annuel de la médiation du crédit, mise en place en 2008 pour aider les entreprises à obtenir des financements, le médiateur Gérard Rameix a souligné de son côté la baisse récente du nombre de dossiers déposés: environ 500 par mois contre 800 en début d'année.
Il y voit un signe encourageant, même si "ce nombre reste élevé" et "les entreprises sont encore convalescentes".
Leurs carnets de commandes commencent à se regarnir et "leur situation financière est bien meilleure qu'on pourrait le penser", estime aussi M. Rameix.
Pendant la crise, la baisse d'activité a en effet limité les besoins de trésorerie de bon nombre d'entreprises, qui ont parallèlement taillé dans leurs coûts et les dépenses d'investissement.
"En période de crise, les entreprises perdent des clients, donc ont moins besoin d'acheter de matériel ou de matières premières", explique Thierry Millon, analyste pour la société Altares.
C'est donc "fort heureusement", selon lui, que la reprise actuelle est "molle". Car "cela va permettre aux entreprises qui ne sont pas encore en mesure d'absorber le regain d'activité d'aborder la fin de l'année assez sereinement".
Les entreprises restent pourtant inquiètes pour l'avenir. "Plus d'un quart disent encore se restreindre dans leurs investissements en raison de difficultés d'accès au crédit", souligne ainsi la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).
"Même si la situation s'améliore, le renforcement des fonds propres des banques exigé par les accords de Bâle fait craindre une augmentation des taux ou des frais bancaires pour les petites entreprises", ajoute-t-elle.
"On redoute aujourd'hui que les crédits soient octroyés dans des conditions plus difficiles", explique Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la CGPME. Si tel était le cas, "cela pèserait sur l'investissement et l'emploi", ajoute-t-il.
A la médiation du crédit, on promet une grande "vigilance" sur le sujet. "Il est essentiel que le système bancaire ait la capacité et la volonté d'accompagner les entreprises dans la reprise, c'est aujourd'hui notre principal défi", a souligné Gérard Rameix.
Mais, selon Thierry Millon, les entreprises doivent aussi prendre leur part de responsabilité, en "jouant la transparence" et en "alimentant régulièrement les banquiers d'informations sur leurs finances et leurs perspectives".
Pour certains spécialistes, comme Karine Berger, chef économiste chez l'assureur-crédit Euler-Hermes, la question du financement des entreprises n'est pas vraiment d'actualité.
"On aura un vrai problème de trésorerie lié à la reprise quand la demande sera supérieure à l'offre", dit-elle. Or, "malheureusement, on n'en est pas encore là car l'activité n'est pas revenue aux niveaux d'avant la crise".