
La Chambre des représentants américaine a adopté mercredi un projet de loi prévoyant des mesures de rétorsion contre la Chine et sa monnaie sous-évaluée, alors que le président Barack Obama continue de hausser le ton face à Pékin.
Les élus ont adopté le texte par 348 voix contre 79 peu après que le président Obama eut de nouveau émis des critiques sur la sous-évaluation de la monnaie chinoise, le yuan, mercredi lors d'un déplacement dans l'Iowa (centre).
Le texte permettrait l'imposition de droits de douane pénalisant les produits importés de pays dont la monnaie est sous-évaluée. Il avait été approuvé vendredi par la commission chargée des questions financières et fiscales.
Le projet de loi doit encore être approuvé par le Sénat. Les sénateurs pourraient voter à leur tour sur la question après les élections législatives du 2 novembre.
"Si je fais pression sur la Chine à propos de sa monnaie, c'est parce que cette monnaie est sous-évaluée", a déclaré mercredi Barack Obama. "Ce n'est pas la raison principale de notre déficit commercial mais cela contribue à notre déficit commercial", a déclaré le président américain.
Le président avait déjà fait état de cette position la semaine dernière lors d'une rencontre avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. M. Obama avait alors demandé à la Chine de "faire plus" d'efforts pour réévaluer sa monnaie.
Mercredi, à l'approche du vote à la Chambre, la banque centrale chinoise a promis une "flexibilité accrue" du yuan. Dans la période à venir, Pékin va "continuer à parfaire le mécanisme de formation du taux de change du yuan, en continuant à se baser essentiellement sur l'offre et la demande, en l'ajustant par rapport à un panier de devises et en accroissant la flexibilité du taux de change", selon le communiqué.
Le sénateur démocrate Charles Schumer, l'un des promoteurs du projet de loi à la chambre haute, a estimé mardi que les efforts américains n'ont jusqu'à présent pas porté leurs fruits. "Purement et simplement: cela ne marche pas. Ce jeu de dupes ne s'arrêtera que lorsque nous les mettrons face à leurs contradictions", a-t-il dit.
La loi proposée permettrait au ministère américain du Commerce d'appliquer des droits de douane compensatoires s'il est prouvé, conformément aux critères de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), qu'un gouvernement agit sur son taux de change et contribue de cette façon à "subventionner" ses exportations.
Le ministère du Commerce a refusé jusqu'à présent de considérer les manipulations de change comme des subventions déguisées, car cette pratique bénéficie notamment aux touristes américains qui se rendent dans le pays en question.
Le projet de loi demande au ministère du Commerce de rompre avec cette pratique et de prendre en considération "l'ensemble des faits" y compris les questions de sous-évaluation, lorsqu'il doit imposer des droits de douane compensatoires.
L'administration américaine était restée relativement prudente sur la question. Mais au cours d'une audition au Congrès récemment, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner avait nettement haussé le ton contre la politique de taux de change de la Chine.
De son côté, la Chambre de commerce américaine a indiqué mardi qu'elle s'opposait au projet de loi, qu'elle estime "contre-productif". "Ce projet de loi fera plus de mal que de bien à la création d'emplois", a indiqué cette instance dans une lettre aux leaders de la Chambre des représentants.
Plusieurs élus républicains s'opposent également au texte pour les mêmes raisons.