Soumis à une pression croissante des marchés financiers mais aussi de Bruxelles, le gouvernement portugais a présenté mercredi soir un train de mesures d'austérité "dures et exigeantes" pour 2011, prévoyant pour la première fois une baisse des salaires mais également une nouvelle hausse d'impôt.
Dans une déclaration solennelle prononcée à l'issue d'un conseil de ministres, le Premier ministre socialiste José Socrates a annoncé les grandes lignes de son budget pour 2011 qui prévoit notamment une baisse de 5% de la masse salariale de la fonction publique ainsi qu'une hausse de deux points de la TVA à 23%.
Parmi les autres mesures prévues par le gouvernement, figurent notamment le plafonnement de certaines déductions fiscales, la création d'un nouvel impôt sur le secteur financier, une diminution du revenu minimum d'insersion, la suppression des allocations familiales pour les revenus les plus élevés ainsi que le gel des pensions pour les retraités.
"L'effort que nous devons faire pour rééquilibrer nos comptes publics est absolument essentiel pour défendre la crédibilité internationale du pays et garantir le financement de notre économie", a déclaré M. Socrates, alors que son gouvernement s'est engagé à ramener le déficit public de 7,3% du PIB cette année à 4,6% en 2011.
"Le devoir d'un gouvernement est de tout faire avec courage et sans hésitation pour répondre à la situation créée par l'instabilité des marchés financiers", a-t-il ajouté pour justifier l'annonce de mesures qu'il a lui-même reconnu "dures et exigeantes".
"Il nous faut donner des signaux clairs aux marchés que nous respecterons nos engagements afin de sortir de la liste des pays exposés aux attaques spéculatives", a-t-il ajouté alors que depuis deux semaines, les taux d'intérêt de la dette portugaise n'ont cessé de monter, atteignant des niveaux record.
Mercredi, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso avait appelé Lisbonne à "annoncer très rapidement un budget solide et crédible", afin de "ne pas décevoir ses partenaires de la zone euro et les marchés financiers".
Minoritaire au parlement, le gouvernement socialiste a besoin du vote ou au moins de l'abstention d'une partie de l'opposition pour faire adopter son budget.
Faute de soutien à gauche, José Socrates ne peut guère compter que sur l'appui du Parti social-démocrate, principale force d'opposition de centre-droit, qui a exclu d'accepter une nouvelle augmentation de la charge fiscale après avoir permis l'adoption d'un premier programme d'austérité en mai.
Mercredi soir, le PSD a appelé le gouvernement à "reconsidérer" la nouvelle hausse d'impôts, tout en saluant les "nouvelles mesures très dures de contention de la dépense" ainsi que l'annonce du "gel des investissements publics pour cette année".
"Je n'ai pas peur"', a assuré le Premier ministre qui, dans l'après-midi, avait vu plusieurs milliers de manifestants défiler sous ses fenêtres pour dénoncer sa politique d'austérité. "Ce que je crains, c'est l'irresponsabilité politique", a-t-il dit.
Selon le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos, l'effort de redressement budgétaire pour 2011 sera réalisé "pour deux-tiers par une réduction des dépenses", à hauteur de 3,42 milliards d'euros, et "pour un tiers par une amélioration des recettes" à hauteur de 1,7 milliard d'euros.
"Si (l'opposition) ne veut pas augmenter les impôts, je la mets au défi de dire comment nous pouvons couper plus dans la dépense", a-t-il déclaré, se disant "personnellement prêt à étudier les propositions de coupes budgétaires additionnelles qui puissent éviter le recours à l'impôt".
Le gouvernement a théoriquement jusqu'au 15 octobre pour présenter son budget au parlement.