La France a salué la "percée décisive et historique" que représentent à ses yeux les propositions présentées mercredi par la Commission européenne pour mieux réguler les produits dérivés et les ventes à découvert, mis en cause pendant la crise financière.
"Cette proposition est une percée décisive et historique pour ceux qui, avec le gouvernement, veulent d'une finance sous contrôle et sous surveillance", a déclaré la ministre de l'Economie Christine Lagarde dans un communiqué.
Selon elle, ce projet est "une réponse aux attentes formulées par le président de la République et la chancelière allemande en mars dernier pour lutter contre les risques de déstabilisation des marchés financiers". Nicolas Sarkozy et Angela Merkel avaient en effet plaidé auprès de Bruxelles pour une telle régulation.
Christine Lagarde appelle le Parlement européen et le Conseil à se saisir "sans délais" de ces propositions.
Le commissaire européen chargé des Services financiers a présenté mercredi des propositions législatives pour améliorer la transparence et la sécurité des transactions sur les produits dérivés de gré à gré au sein de l'Union européenne (UE), ces contrats financiers que s'échangent les investisseurs pour se couvrir contre des risques liés à la valeur future d'un produit (taux de change, taux d'intérêt, matière première...).
Bruxelles veut aussi mieux réguler les ventes "à découvert", qui permettent à des opérateurs de vendre des titres qu'ils ne possèdent pas encore, avec l'espoir de les racheter plus tard à un prix plus intéressant.
Les ventes à découvert "à nu", particulièrement spéculatives, permettent à l'investisseur de vendre à terme un actif sans l'avoir emprunté avant ou s'être assuré de sa disponibilité.
Dans son texte, Bruxelles propose d'obliger les opérateurs qui recourent aux ventes à découvert à nu sur les actions et les obligations d'Etat à fournir des garanties qu'ils pourront livrer les titres qu'ils promettent.
"Dans les faits, ça revient à interdire les ventes à découvert à nu, mais sous une forme plus subtile, qui est en vigueur aux Etats-Unis sur les actions", a-t-on affirmé dans l'entourage de Christine Lagarde.
"On est tellement d'accord avec ça que ça a été adopté hier (mardi) en commission des Finances au Sénat, sur amendement parlementaire au projet de loi de régulation bancaire et financière, pour lequel Mme Lagarde a émis un avis favorable", a-t-on ajouté.