(AOF / Funds) - Les écarts de rendements se sont encore élargis sur le marché obligataire européen entre les pays dits «périphériques» et ceux du «noyau dur». Pourtant, les performances budgétaires sont impressionnantes, dans ces pays dont le déficit est insoutenable comme pour l'ensemble de la zone euro. Chaque pays a montré qu'il savait faire des sacrifices, ce qui ne peut que renforcer la pression sur les autres. La BCE, qui avait pratiquement cessé d'acheter des titres souverains en juillet, a repris ses achats avec, il est vrai, une modération extrême (excessive peut-être) au vu des efforts entrepris par les différents gouvernements. Ces efforts seraient donc insuffisants puisque les écarts de rendement restent supérieurs à ceux de beaucoup d'entreprises ou de nombreux pays émergents.
Contrairement à tous les autres, les pays périphériques ne peuvent tabler sur un soutien inconditionnel de leur banque centrale. Or, il reste beaucoup de chemin à faire pour stabiliser les dettes publiques et ramener les déficits en deçà du fameux seuil des 3 %. Un parcours que la faiblesse de l'activité économique, en partie d-e à la dureté des politiques budgétaires, rend difficile. La plus grande menace qui pèse sur cet assainissement tient sans doute au risque d'envolée du coût de la dette ; les efforts faits seraient vains s'ils ne servaient qu'à payer des taux usuraires. Ces pays «fautifs» sont maintenant sous étroite surveillance. La BCE, qui a su plutôt bien gérer la crise financière, pourrait faire preuve d'un peu plus de bienveillance, sans entamer son capital confiance, et apporter un soutient plus prononcé aux pays en difficulté, comme n'importe quelle banque centrale.
Par Dominique Barbet, économiste de marché, BNP Paribas