
Le commissaire européen au Budget a remis en cause lundi le rabais controversé accordé depuis les années 1980 à la Grande-Bretagne sur sa contribution financière à l'UE, provoquant le courroux de Londres alors qu'un débat difficile a débuté sur le futur budget des 27.
"Le rabais pour la Grande-Bretagne a perdu sa justification originelle", a déclaré le Polonais Janusz Lewandowski au quotidien allemand Handelsblatt.
Ce rabais, également appelé "chèque britannique", avait été décidé en 1984 à la demande de Margaret Thatcher, auteur sur le sujet d'une sortie restée célèbre: "I want my money back" ("Je veux qu'on me rende mon argent").
Il s'élève cette année à 3,7 milliards d'euros, selon Londres, pour un total cumulé de 30 milliards d'euros programmés pour le budget en cours de l'UE (2007-2013).
La "Dame de fer" avait justifié cette remise en faisant valoir qu'une grande proportion du budget européen (à l'époque les trois quarts environ) était consacrée à la Politique agricole commune (PAC), dont la Grande-Bretagne est moins bénéficiaire que d'autres Etats, comme la France par exemple.
Mme Thatcher avait aussi argué que son pays était moins riche que l'Allemagne ou la France.

Mais depuis, la donne a partiellement changé puisque la part de la PAC dans le budget de l'UE est tombée à environ 40%. En outre, le Produit intérieur brut (PIB) de la Grande-Bretagne a progressé.
Le porte-parole du commissaire européen au Budget, Patrizio Fiorilli, a assuré devant la presse que M. Lewandowski ne demandait pas la suppression du chèque britannique mais appelait seulement à réexaminer la situation.
Il a fait valoir que "le PIB britannique a augmenté de manière très importante depuis 1984, tandis que la part de l'agriculture a diminué de manière constante depuis vingt ans" dans le budget de l'UE.
Le gouvernement britannique a immédiatement adressé une fin de non recevoir. "Le rabais de Royaume-uni reste pleinement justifié, c'est une question d'équité", a indiqué un porte-parole du gouvernement britannique à Bruxelles.
"Sans le rabais, la contribution nette du Royaume-Uni en proportion de son revenu national serait le double de celle de la France et une fois et demi celle de l'Allemagne", a-t-il ajouté. "Ceci s'exlique par les distorsions dans les dépenses (de l'UE) découlant de politiques comme la PAC", a argumenté le porte-parole.
Ces deux questions --montant à venir des subventions agricoles directes et chèque britannique-- seront au centre des tractations sur le prochain budget de l'UE (2014-2020) qui devraient entrer dans le vif du sujet l'an prochain avec des propositions chiffrées de la Commission.
Si les discussions sur le "chèque" avec le gouvernement britannique du conservateur David Cameron s'annoncent ardues, côté français, le président Nicolas Sarkozy a déjà prévenu qu'il était prêt à "une crise en Europe" pour empêcher le "démantèlement" de la PAC.
Compte tenu du contexte de crise économique et budgétaire en Europe, le budget de l'UE sera au mieux maintenu inchangé, à environ 1% du PIB européen. De ce fait, Bruxelles souhaite à l'intérieur de l'enveloppe disponible (140 milliards d'euros) réduire certaines dépenses pour dégager des fonds afin de donner la priorité à de nouveaux chantiers.
Les pays de l'Est comme la Pologne redoutent eux une diminution des aides aux régions défavorisées.
La Commission vient aussi de jeter un pavé dans la mare en évoquant un impôt européen en vue de dégager des ressources propres pour l'exécutif européen. Une idée rejetée par l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni.