
Le ramadan est une des pratiques religieuses les mieux acceptées par les entreprises, qui permettent des aménagements pour les salariés musulmans pas toujours enclins à le demander eux-mêmes, mais sa gestion se fait souvent au cas par cas.
Dans l'entreprise privée, la liberté religieuse est la règle, et chaque salarié qui le souhaite doit pouvoir faire ramadan, sauf si sa pratique va à l'encontre des règles de sécurité et d'hygiène, ou de l'organisation du travail.
Rares sont les entreprises qui affichent une politique claire face au ramadan et à l'islam de manière générale. "Ca dépend encore de la subjectivité des managers", explique Dounia Bouzar, anthropologue et auteur de "Allah a-t-il sa place dans l'entreprise?".

Pour les métiers à forte pénibilité, "il y a depuis longtemps des réflexions sur l'organisation du travail, notamment dans l'automobile ou le BTP", note Benjamin Blavier, de l'association d'entreprises IMS-Entreprendre pour la cité.
Cette année, le risque est accru, avec un ramadan au coeur de l'été et des journées plus longues.
Mariana, 41 ans, femme de ménage pour une société de nettoyage, a obtenu de partir à 20h30 au lieu de 21hOO. "Pour pouvoir manger plus tôt, car c'est très fatigant", reconnaît-elle.
Chez Areva, il n'y a "pas de mesure particulière à l'échelle du groupe", mais "des adaptations locales", comme des "aménagements d'horaires de repas", notamment pour ceux qui travaillent en 3x8, explique un porte-parole.
Même chose chez Carrefour ou Suez-environnement, où les demandes sont prises en compte individuellement, "si les salariés ont besoin de partir plus tôt, par exemple".

"Il n'y a pas de politique globale au niveau des entreprises, mais quelques-unes sont sur cette voie", remarque M. Blavier, citant EDF, qui a édité un guide intitulé "Repères sur le fait religieux en entreprise" et organisé des formations internes sur l'islam, et Casino qui a ouvert "une réflexion de fond" sur la pratique religieuse au travail.
"Le sujet est abordé dans les entreprises, il n'est plus tabou", se réjouit-il. "Finalement, c'est beaucoup moins conflictuel qu'on aurait pu le penser".
Le ramadan est "la revendication religieuse qui fait le moins peur" car "les managers n'ont pas le sentiment que cela divise les travailleurs", explique Dounia Bouzar.
D'autant qu'une partie des salariés musulmans "continuent à ne pas dire qu'ils font ramadan, par peur d'être vus comme radicaux ou intégristes", souligne M'hammed Henniche, de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis.

"Une des grandes revendications de ceux qui font le ramadan, c'est souvent qu'il n'y ait pas d'aménagement particulier", remarque aussi M. Blavier.
Sur le forum de discussion bladi.net, une participante explique qu'elle préfère poser des congés plutôt que de demander des aménagements d'horaire, car "mes collègues n'ont pas à souffrir de cette situation" et "certains pourraient considérer ces aménagements comme des privilèges".
A l'inverse, une partie des pratiquants "affichent" désormais leur ramadan. Il s'agit de "la première génération de gens nés en France de confession musulmane", qui veut montrer "qu'il n'y a pas d'incompatibilité", explique Mme Bouzar.
La plupart des employeurs "le prennent bien et essayent d'aménager le temps ou la charge de travail, même quand le salarié n'a rien demandé", ajoute M. Henniche. "Les retours que l'on a, ce sont plutôt des patrons qui disent "ne force pas, si tu te sens fatigué, repose-toi un petit peu+".