Pierre Méhaignerie (UMP) et Marisol Touraine (PS) se sont expliqués sans fard dans les couloirs de l'Assemblée sur les points sensibles de la réforme des retraites, à commencer par la convergence des systèmes public et privé, brisant ainsi le huis clos de la commission.
"Tu essaies de cultiver la polémique en disant +on n'est pas écouté+ et +on attaque les fonctionnaires+", a lancé M. Méhaignerie, président de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée.
"Je ne donnerai pas de nom de certains parlementaires, que tu connais très bien, et qui ont tenu des propos sur les fonctionnaires et qui les tiennent régulièrement dans chaque réunion", lui a répondu la députée PS Marisol Touraine.
Des élus PS avaient dénoncé dans l'après-midi "l'hystérie anti-fonctionnaires" de certains élus de la majorité lors de l'examen de cette réforme dans le huis clos exigé par M. Méhaignerie.
Le député PS Pierre-Alain Muet s'est alors joint à la discussion, offrant aux journalistes, qui contestent ce huis clos, un condensé des échanges en commission: "Le problème de votre réforme, c'est qu'elle n'est pas financée. Vous liquidez le Fonds de réserve des retraites (FRR)... Belle réforme! 15 milliards de déficit en 2018... C'est se moquer du monde".
Réponse de M. Méhaignerie: "En 2018, tu ne sais pas ce que sera la croissance, la productivité des entreprises... Vous, vous proposez 30 milliards de prélèvements sur les entreprises..."
De façon plus conventionnelle, le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, George Tron, a expliqué à la presse que le gouvernement entendait faire ce qui est prévu dans le texte pour les fonctionnaires, sans aller au-delà (alignement du taux de cotisation retraite des fonctionnaires sur celui du privé...) comme le réclament fortement certains députés UMP.
"Je trouve qu'il y a un bon climat...", a déclaré pour sa part le ministre du Travail, Eric Woerth, réfutant l'absence de débat.