Air France, confronté à des pertes historiques en 2009/2010, veut continuer à réduire ses coûts, notamment via une réduction de ses effectifs de 4.000 postes d'ici 2013, dont 1.800 via des départs volontaires en cours et le reste en privilégiant les départs non remplacés.
La direction, qui n'a pas souhaité s'exprimer à ce sujet, a présenté lundi aux partenaires sociaux ses perspectives en terme d'emploi pour les exercices 2010, 2011 et 2012 dans le cadre de la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC).
Elle a aussi fixé un nouveau rendez-vous en novembre sur le thème de l'emploi.
Selon un document de travail dont l'AFP a obtenu une copie, la compagnie prévoit 4.109 postes en moins, ce qui ferait passer l'effectif de 51.804 à fin mars 2010 à 47.694 à fin mars 2013.
"Sur cette base là, entre mars 2008 et mars 2013, la compagnie aura perdu environ 10.000 postes", déplore José Rocamorra, responsable CGT, tout en notant l'absence de "nouveau plan de départ".
Selon le document, les départs (retraites, démissions, plan de départs volontaires, etc.) atteindraient 4.390 sur les trois exercices.
En n'étant pas remplacés, il y aurait alors un sous-effectif chez les personnels au sol et les personnels navigant commerciaux (hôtesses et stewards).
Au sein des personnels au sol, la situation serait très disparate: à la direction industrielle (mécaniciens, logistique, cadres), plusieurs centaines d'embauches devront être réalisées, mais l'exploitation (pistes, agences, etc.) serait en sur-effectif.
Chez les pilotes, malgré les départs naturels (-13,6%), ils resteraient en sur-effectifs à l'HORIZON mars 2013.
Une bonne partie des réduction de postes se fera via le plan de départs volontaires, clos en mai et qui concerne environ 1.800 salariés (1.765 équivalents temps plein) qui vont quitter l'entreprise d'ici fin 2010.
Ce plan visait déjà essentiellement le personnel de l'exploitation.
Les représentants du personnel s'attendaient à ces prévisions pessimistes pour l'emploi, l'entreprise étant engagée dans un sérieux plan d'économie afin de mieux se positionner face à des concurrents, notamment sur les courts et moyens courriers et le cargo.
"L'essentiel, c'est d'avoir une vraie stratégie d'entreprise qui amène à calibrer au plus juste ses besoins en effectifs, mais là c'est un plan comptable plus qu'une stratégie", a critiqué Cyril Jouan, délégué CFDT, en déplorant n'avoir pas eu de précision par bassin géographique.
La CFDT dénonce aussi "les discours contradictoires des représentants de la direction".
Le document de travail indique aussi que "de nombreuses mobilités avec changement de métier vont devoir être organisées", un point qui inquiète les syndicats.
"Il y aurait des transferts du personnel au sol vers le personnel navigant, avec des formations bien évidemment, mais on y croit peu", confie Cyril Jouan.
Pour Ronald Poirot (CFE-CGC), "le plus gros sujet d'inquiétude concerne la mobilité qui pourrait être appliquée aux salariés".
"Malgré les départs naturels, il y aurait encore 800 sur-effectifs dans le personnel au sol" d'ici à 2013, détaille le responsable CFE-CGC.
Les responsables syndicaux notent aussi l'incertitude concernant les prévisions de départs naturels "qui restent à confirmer" au vu de la réforme des retraites préparée par le gouvernement et qui prévoit de reculer de deux ans l'âge légal de départ et l'âge du taux plein garanti.
"Il est difficile de prévoir une évolution des effectifs sans prendre en compte cet aspect là", note Cyril Jouan.