
BP a connu lundi une nouvelle journée très mouvementée : alors que la menace posée par la tempête Alex dans le golfe du Mexique s'amenuisait, le groupe a été contraint de démentir le départ de son patron Tony Hayward annoncé par un haut responsable du Kremlin.
A la mi-journée, les agences russes Interfax et Ria Novosti ont annoncé une nouvelle fracassante : d'après le vice-Premier russe Igor Setchine, le directeur général de BP, Tony Hayward, qu'il devait recevoir ce lundi, allait démissioner et présenter son successeur.
BP a immédiatement démenti. "Tony Hayward reste directeur général et il ne va pas démissionner", a assuré à l'AFP une porte-parole du groupe à Londres.
M. Hayward, qui a été sévèrement critiqué aux Etats-Unis pour ses multiples gaffes, avait cédé la semaine dernière la gestion des opérations contre la marée noire dans le golfe du Mexique à un de ses lieutenants, Bob Dudley, un vétéran du groupe, très expérimenté et 100% américain.
La journée avait pourtant bien commencé pour BP : son cours à la Bourse de Londres, après s'être effondré vendredi à ses plus bas niveaux depuis près de 14 ans, avait repris près de 4% en début de séance. Les investisseurs semblaient rassurés par des prévisions météorologiques montrant que la tempête tropicale Alex devrait, contrairement à de premières craintes, ne pas frapper directement le site de la marée noire.
La menace potentielle posée par cette tempête avait fortement contribué à l'effondrement du cours du groupe vendredi, qui a porté à 55% sa chute depuis fin avril et le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon. Au total, BP a vu sa valeur boursière fondre d'une centaine de milliards de dollars depuis cet accident qui a provoqué la pire catastrophe écologique de l'histoire des Etats-Unis.

BP a par ailleurs reçu un franc soutien du Premier ministre britannique David Cameron qui, après s'être contenté initialement de déclarations très tièdes, a fini par voler à son secours en marge du sommet du G8, au Canada.
M. Cameron a mis en garde vendredi contre une possible "destruction" de la compagnie britannique et a demandé aux autorités américaines de préciser clairement leurs intentions à son égard, notamment en termes de compensations financières.
Le cafouillage moscovite a remis au tapis le cours de Bourse de BP, malgré le ferme démenti de la compagnie. Il a abandonné tous ses gains engrangés dans la matinée, avant de se reprendre péniblement en fin de séance, pour finir sur un gain de 1,20%, à 308,25 pence.
D'autant que pendant ce temps, le coût de la catastrophe ne cesse d'enfler pour le groupe britannique. Ce lundi, BP a indiqué avoir dépensé 2,65 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros) à cause de la marée noire. Ce coût augmente à une vitesse inquiétante : vendredi, le compteur était à 2,35 milliards de dollars.
Et l'on voit mal comment ce flux de dépenses pourrait ralentir tant que le groupe n'aura pas réussi à obturer le puits à l'origine de la catastrophe.
Malgré les efforts de BP pour limiter la fuite, de grandes quantités de pétrole brut continuent à se répandre sur les côtes américaines.
Plusieurs kilomètres de plages ont été souillés ce week-end dans l'Etat du Mississipi qui avait jusqu'ici été relativement épargné, et les demandes de remboursement se multiplient : BP affirme avoir déjà dédommagé près de 41.000 plaignants, à hauteur de 128 millions de dollars.