Le conflit gazier entre la Russie et le Bélarus donnait jeudi des signes d'apaisement bien que certains points litigieux comme la question du coût du transit demeurent non résolus, laissant toujours planer la menace d'une interruption de l'acheminement du gaz russe vers l'Europe.
Le géant gazier Gazprom a accepté de rouvrir pleinement les vannes vers le Bélarus après que le pays "a payé sa dette pour les livraisons de gaz russe accumulée depuis début 2010", a indiqué son patron Alexeï Miller.
Minsk a versé 187 millions de dollars à Gazprom pour le gaz, ont indiqué les deux parties.
La Russie avait progressivement réduit ses livraisons de gaz au Bélarus depuis lundi en raison du non-paiement de cette dette. Mercredi, il avait indiqué avoir baissé ses envois de 60%.
Malgré cette avancée notable, toutes les difficultés ne semblent pas encore aplanies. Des frictions persistent en particulier sur la question des frais de transit que doit honorer la Russie pour le passage de son gaz sur le territoire bélarusse.
Minsk réclame 260 millions de dollars à la Russie, et non 228 millions de dollars comme prévu dans le contrat qui les lie, estimant que le prix du transit de gaz a augmenté depuis novembre.
Le Bélarus avait lancé mercredi soir un ultimatum à Moscou, menaçant d'interrompre le transit si Moscou ne réglait pas sa facture d'ici à jeudi 07H00 GMT.
Gazprom a indiqué jeudi matin qu'il avait réglé 228 millions de dollars.
Cette information a été confirmée plus tard par le gouvernement bélarusse. "Nous avons reçu le paiement de Gazprom pour un montant de 228 millions de dollars", a déclaré à l'AFP Lioudmila Zenkovitch, porte-parole du ministère bélarusse de l'Energie.
Un peu plus tôt, le vice-Premier ministre bélarusse Vladimir Semachko avait menacé d'introduire "une limitation du transit de gaz proportionnellement aux impayés" s'il ne recevait pas la confirmation du paiement avant 10H00 GMT.
Jusqu'à présent, Minsk ne semble pas avoir mis à exécution sa menace.
Le ministre bélarusse de l'Energie, Alexandre Ozerets, a indiqué de son côté que les 228 millions de dollars représentaient 87% de la dette de Gazprom envers Minsk et ajouté: "On peut voir cela comme un paiement d'avance".
Cette crise gazière, qui de l'avis général paraît moins grave pour l'Europe que celle de 2009 entre la Russie et l'Ukraine car elle concerne des volumes de gaz moins importants et parce qu'elle intervient à un moment de demande relativement faible, a néanmoins affecté un pays européen, la Lituanie.
Le pays, qui dépend entièrement de la Russie pour son approvisionnement en gaz, lequel transite par le Bélarus, avait vu mercredi, selon la compagnie nationale de distribution de gaz, Lietuvos Dujos, ses livraisons de gaz baisser de plus de 40%. Bruxelles avait haussé le ton, estimant que la réduction de ces livraisons constituait une "attaque" contre toute l'Union européenne.
Jeudi, Lietuvos Dujos a annoncé dans un communiqué que l'approvisionnement de la Lituanie en gaz provenant du Bélarus avait été "pleinement rétabli".
En visite à Novokouznetsk (Sibérie occidentale) avec le patron de Gazprom, le Premier ministre Vladimir Poutine a déclaré jeudi "regretter que l'affaire soit allée jusqu'à ce conflit". "Nous espérons que cela ne se répètera pas à l'avenir", a-t-il ajouté, selon des images de la télévision russe.