Le chef du gouvernement hongrois, Viktor Orban, à peine investi après son triomphe aux législatives d'avril, se retrouve dans la position de "l'arroseur arrosé" à la suite de déclarations alarmistes de deux de ses proches sur l'état des finances du pays et cela à la veille d'une mission à Budapest du Fonds monétaire international (FMI).
Viktor Orban a dû ainsi convoquer samedi une session extraordinaire de trois jours de son cabinet afin de mettre au point un train mesures en vue de maintenir le déficit public aux 3,8% du Produit intérieur brut (PIB) convenus par le précédent gouvernement socialiste avec le FMI et l'Union européenne (UE). Ce train de mesures doit être rendu public lundi, le jour de l'arrivée à Budapest du nouveau chef de mission du FMI en Hongrie, Christoph Rosenberg.
Cela signifie un virage à 180 degrés pour lui et son parti, le Fidesz, qui, auparavant, faisaient monter les enchères, conformément à leurs promesses électorales en matière de baisse d'impôts: pour les tenir, le Fidesz voulait laisser filer les dépenses publiques.
Mais Viktor Orban a été rapidement rattrapé par les dures réalités des finances publiques hongroises, sous perfusion depuis novembre 2008 avec des crédits de 20 milliards d'euros du FMI, de l'UE et de la Banque mondiale, afin d'éviter alors une banqueroute de l'Etat hongrois.
Alors que deux de ses proches, le secrétaire d'Etat Mihaly Varga et un vice-président du Fidesz, Lajos Kosa, affirmaient jeudi le premier que "le déficit atteindrait 7-7,5%" et le second que "la Hongrie était dans une situation comparable à celle de la Grèce", Viktor Orban se faisait sermonner le même jour lors de sa visite de présentation à Bruxelles par le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso.
La consolidation budgétaire -- en clair la diminution du déficit public -- et les réformes structurelles de l'appareil d'Etat doivent être impérativement poursuivies, avait martelé M. Barroso.
Mais le mal était fait: vendredi, la devise hongroise, le forint, dévissait de 5,5% par rapport à l'euro et la Bourse de Budapest chutait de-3,34%, tandis que les couvertures de défaillance des titre de dettes de la Hongrie, les CDS (Credit Default Swaps), grimpaient à un nouveau record historique de 305 points.
Coïncidant avec les mauvais chiffres du chômage aux Etats-Unis et les inquiétudes des marchés quant à l'endettement public de l'UE, les déclarations alarmistes des dirigeants hongrois ont également joué un rôle dans la chute des indices boursiers dans le monde et le nouvel accès de faiblesse de l'euro.
La quasi-totalité des analystes, comme Ulrich Leuchtmann de la Commerzbank, ont estimé que le Fidesz s'était livré à une manoeuvre politique pour faire avaler à ses électeurs la couleuvre d'une nécessaire politique d'austérité au lieu des baisses d'impôt promises.
Il est difficile de "faire rentrer le mauvais génie dans la lampe une fois qu'il en est sorti", a commenté à l'AFP Janos Samu, analyste de Concorde. Gergely Suppan, de la Takarekbank, a relevé pour sa part que la stabilisation dépendrait "des plans détaillés quant au maintien du déficit à 3,8%".
La Banque centrale hongroise table sur un déficit public à 4,2-4,3%, en légère hausse, bien loin des pronostics alarmistes du Fidesz.
Les chiffres définitifs du PIB seront publiés le 9 juin. Les chiffres provisoires ont déjà montré que le pays était sur le chemin de la croissance, avec une hausse de 0,9% par rapport au trimestre précédent. De plus, de 2006 à 2009, le déficit public a été réduit de plus de 9% du PIB à seulement 4%.