(AOF / Funds) - Un sentiment de panique a gagné les marchés au cours du mois de mai. La chute brutale des prix des actifs risqués de part le monde (actions et crédit) s'accompagnait d'une fuite vers les valeurs refuge, amenant notamment les taux longs des obligations allemandes à des niveaux (autour de 2,6 % sur le 10 ans) bien inférieurs à ceux vus au pire de la crise de 2008-2009. La crise de la dette souveraine en Europe semblait alimenter de nouveau la peur d'une crise systémique.
En général, dans ces circonstances, la confusion domine et il est difficile de déterminer sur quel scénario s'appuie la peur de l'avenir. Néanmoins, on peut aujourd'hui identifier deux scénarios catastrophes qui s'autoalimentent. D'une part, la version dure serait que, malgré les montants d'aides promis par l'Union Européenne et le FMI, la dérive vers l'insolvabilité ne soit pas enrayée, entraînant l'éclatement de l'euro et la chute d'un système bancaire dont les créances douteuses seraient gonflées par la défaillance des Etats. Pour d'autres, ou les mêmes, la course à la crédibilité qui semble s'être engagée en Europe se traduit par la mise en place de plans d'austérité qui couperont les jambes d'une reprise fragile. La rechute vers la récession serait à NOS portes.
Il serait erroné de ne pas écouter les peurs du marché. Néanmoins, à ce stade, et notamment à la lecture des décisions de politique économique, il est difficile de donner aux scénarios décrits une grande probabilité de réalisation.
Certes, la croissance européenne devrait être ralentie par autant de zèle budgétaire. On peut le déplorer, même si assainir les finances publiques et coordonner l'action budgétaire sont bien des défis majeurs de la zone euro pour l'avenir. En même temps, à court terme, deux forces devraient jouer en faveur de la zone et compenser en partie l'effet restrictif des politiques budgétaires. D'une part, la BCE devrait maintenir une politique accommodante bien plus longtemps qu'anticipé, contribuant à maintenir des taux longs et, donc, des coûts de financement bas. Aussi, de manière cruciale, l'euro devrait rester faible, contribuant à stimuler les exportations déjà portées par une demande mondiale qui semble loin de s'effondrer.
Nous avons besoin d'être rassurés par l'Europe afin d'être plus confiants sur l'avenir. La prudence est donc de mise. Mais le pessimisme qui vient de happer le marché semble excessif.
Par Sebastian Paris-Horvitz, directeur de la Stratégie d'Investissement, AXA IM