Le président de la Banque centrale européenne (BCE) s'est voulu rassurant mercredi à propos de l'euro, tout en insistant sur la nécessité de renforcer la surveillance des politiques budgétaires des Etats avant que la Commission ne dévoile des propositions à ce sujet.
"Je suis plus que confiant dans l'avenir de l'euro", a affirmé Jean-Claude Trichet, alors que la monnaie unique a été sérieusement malmenée par la crise grecque et les risques de contagion à d'autres pays fragiles de la zone euro.
La BCE ne fait "pas fonctionner la planche à billets", a précisé son président sur la radio française Europe 1, en réponse aux inquiétudes nées de la décision de la BCE de racheter des obligations de certains des 16 pays de la zone euro.
"Toutes les liquidités que nous donnerons" seront "reprises", a-t-il affirmé à propos de la décision de la BCE de racheter des titres de dettes d'Etats en difficulté, comme la Grèce, le Portugal et l'Espagne.
Dans les faits, en achetant sur le marché secondaire des titres de dettes, la BCE fait barrage à la spéculation et permet à ces Etats de continuer à se financer sur les marchés obligataires à des conditions supportables.
M. Trichet a justifié cette décision, à laquelle la BCE s'était toujours refusée jusqu'ici, par la gravité de la crise: "il faut savoir prendre des décisions rapides qui ne mettent pas en cause la stabilité des prix à moyen terme".
L'intervention de la BCE entre dans le cadre du plan massif et sans précédent de 750 milliards d'euros annoncé dans la nuit de dimanche à lundi derniers par les pays de l'Union européenne pour mettre fin à la crise de confiance qui menace l'existence même de la zone euro.
Pour M. Trichet, "ce qui est en cause, c'est la politique menée par les différents gouvernements au sein de la zone euro".
C'est pourquoi, a-t-il souligné, il est "capital" de "renforcer la surveillance des politiques menées par les uns et les autres sur le plan budgétaire".
Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a de son côté appelé mercredi les pays européens à renforcer leur coordination budgétaire, suggérant la possibilité d'effectuer des transferts budgétaires entre Etats.
La Commission européenne doit présenter mercredi des propositions pour renforcer la discipline sur les déficits en zone euro en imposant un examen très en amont des budgets nationaux.
En Espagne, le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero a pris les devants en annonçant mercredi une cure d'austérité radicale, dont une baisse de 5% des salaires des fonctionnaires.
Le gouvernement de Madrid va aussi geler la revalorisation des retraites en 2011, sauf les plus basses, et supprimer en 2011 l'aide à la naissance de 2.500 euros qu'il avait instaurée en 2007 pour soutenir la natalité.
Ces nouvelles mesures ont une "incidence sociale évidente", a reconnu M. Zapatero, alors que le paysage social espagnol est déjà sinistré par un taux de chômage supérieur à 20% de la population active.
Des chiffres de croissance ont confirmé mercredi que la reprise économique restait très lente sur le Vieux continent.
Au premier trimestre, la zone euro a enregistré un maigre 0,2%, après un quatrième trimestre 2009 au point mort, selon une première estimation de l'office européen des statistiques Eurostat.
En France, la croissance a été révisée à la baisse tant pour le 1er trimestre 2010 que pour les années 2008 et 2009.
La Bourse de Paris s'est repliée nettement dans les premiers échanges, le cac 40 lâchant 1,09% dans un marché marqué par la persistance d'interrogations sur le plan d'urgence européen.
Milan a également ouvert sur une baisse de 0,61%. A Tokyo, l'indice nikkei a terminé la séance sur un nouveau recul, de 0,16%.
Les cours de l'or ont inscrit mercredi un nouveau record historique à plus de 1.239 dollars l'once, faisant jouer ses qualités de valeur refuge.
En Grèce, où le PIB a enregistré une baisse de 0,8% au premier trimestre par rapport au précédent trimestre, quelque 300 personnes ont défilé mardi soir contre les mesures d'austérité imposées dans un climat de violence par le gouvernement en contrepartie de l'aide internationale.
Les deux grandes centrales syndicales grecques ont appelé à une nouvelle manifestation mercredi soir à Athènes.