L'Elysée dénonce en termes vigoureux les agences de notation "qui font la pluie et le beau temps" et "amplifient" la spéculation dont est victime actuellement la zone euro, en ajoutant: "c'est incroyable!"
Lors de la visite d'Etat en Chine du président Nicolas Sarkozy (du 28 au 30 avril), un de ses proches a affirmé à la presse, à propos de la Grèce, que "ces derniers jours, la spéculation a(vait) repris de plus belle, amplifiée par la décision brutale et inédite d'une agence de notation".
"Les agences de notation font la pluie et le beau temps, c'est incroyable!", avait-il ajouté.
Le 27 avril, l'une des trois grandes agences de notation, Standard and Poor's, avait abaissé de trois crans la note de la Grèce, de "BBB+" à "BB+", la reléguant dans la catégorie des investissements spéculatifs.
Le même jour, Standard & Poor's avait dégradé de deux crans la note souveraine du Portugal, à "A-" contre "A+", avant d'abaisser mercredi, d'un cran celle de l'Espagne, à "AA".
Suite à ces baisses, le directeur-général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, avait déclaré, le 28 avril, qu'il ne fallait pas "trop croire" ce que disent les agences de notation, "même si elles ont leur utilité".
Le président Sarkozy a tenu samedi matin à l'Elysée une "réunion de travail sur la mise en oeuvre du plan de soutien européen à la Grèce et la situation des marchés financiers", en présence du Premier ministre François Fillon et de plusieurs ministres, dont Christine Lagarde (Economie).
A l'issue de cette réunion, Mme Lagarde a indiqué que le montant total du plan de soutien à la Grèce devrait être compris entre 100 et 120 milliards d'euros.
Selon un communiqué de l'Elysée, le président Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel sont convenus de prendre "des initiatives dans les prochains jours pour que l'Europe renforce les mécanismes de surveillance au sein de la zone euro, accélère ses travaux sur la lutte contre la spéculation et l'amélioration de la transparence des produits dérivés et formule de nouvelles propositions sur la régulation des agences de notation".
Dimanche, les ministres des Finances de la zone euro doivent se réunir à Bruxelles.
A l'Elysée, on estime que la crise actuelle de la Grèce est en fait "une crise contre l'Euro". "C'est de la spéculation contre la zone euro, pas contre la Grèce. Ils (les spéculateurs) attaquent l'Euro par la Grèce qu'ils estiment être le point faible" de la zone euro, avait expliqué ainsi un proche du président pour qui si on ne l'aidait pas, "la Grèce pourrait devenir le Lehman Brothers" de l'Europe. "Quand les Etats-Unis ont laissé tomber la banque Lehman Brothers (septembre 2008), tout s'est écroulé", a-t-il rappelé. "Nous avons un devoir de solidarité, sinon, il n'y a pas d'Europe, pas d'Euro".
Soulignant "les mesures courageuses" prises par la Grèce visant à réduire son déficit de quatre points de PIB en une année, ce proche avait ajouté: "La position constante de la France a toujours été de soutenir la Grèce. Plus tard on le fera, plus cher ça nous coûtera".
Il avait en outre vivement dénoncé les agissements de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs contre laquelle la justice américaine vient d'ouvrir une enquête criminelle. "On vend des produits financiers à des clients et ensuite on joue à la baisse ces produits. C'est inouï, monstrueux d'estourbir les gens comme ça. C'est de l'escroquerie. Le principe de la banque, c'est la confiance", avait-il dit.