
Le président socialiste de Bolivie, Evo Morales, a nationalisé samedi trois compagnies d'électricité détenues par des groupes français, britannique et bolivien, dans le cadre de sa politique de réappropriation des ressources naturelles.
Le gouvernement avait annoncé il y a des mois son intention de prendre le contrôle de Corani, contrôlée par Inversiones Econergy Bolivia SA, filiale de la française GDF Suez, Guaracachi (filiale de la britannique Ruelec PLC) et Valle Hermoso, du consortium bolivien Bolivian Generating Group.
Il a aussi adopté un décret pour négocier l'achat d'une entreprise électrique de Cochabamba (ELFEC), autogérée par un syndicat dans cette ville du centre du pays, mais les salariés ont réaffirmé samedi leur opposition à cette nationalisation dans un communiqué.
D'autres petites entreprises de production d'électricité vont par ailleurs passer dans le giron public en vertu de cette mesure prise le jour de la Fête du Travail.
M. Morales, l'un des chefs de proue de la gauche radicale latino-américaine, avait déjà choisi cette date symbolique en 2006 et 2008 pour annoncer d'autres nationalisations.
Depuis son arrivée au pouvoir il y a quatre ans, l'Etat a pris le contrôle de plusieurs entreprises dans les hydrocarbures, les mines ou les télécommunications.
Dans le cadre de sa politique de réappropriation des ressources naturelles, le président bolivien souhaite désormais que l'Etat contrôle l'ensemble du secteur électrique, de la production à la distribution.
"Nous sommes venus ici pour nationaliser toutes les centrales hydroélectriques qui appartenaient auparavant à l'Etat bolivien", a-t-il déclaré au cours d'une cérémonie publique dans la centrale de Corani, dans le département de Cochabamba.
L'entreprise nationale d'électrification (ENDE, publique) avait été privatisée au milieu des années 90. Elle avait été "démembrée et vendue au capital néolibéral au prix d'une poule morte", a estimé samedi son président Robert Peredo, qui dirigera désormais l'ensemble du secteur électrique.
Les groupes étrangers n'ont pas encore réagi à cette mesure.
Ils seront dédommagés à hauteur de leur participation au capital des compagnies concernées, a annoncé le gouvernement bolivien qui retiendra sur cette somme des arriérés d'impôts.
L'exécutif a par ailleurs promis qu'il ne procéderait à aucun licenciement, alors que la grogne sociale monte.
Des salariés et professeurs du secteur public ont manifesté pour protester contre la proposition gouvernementale d'augmentation des salaires, insuffisante selon eux (5%).
Cette tension a conduit M. Morales à renoncer à participer aux manifestations du 1er mai organisées par la Centrale ouvrière bolivienne (COB, syndicat unitaire), qui était jusqu'ici l'un de ses principaux alliés.