
Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker s'est inquiété des "grandes réticences" en matière européenne de l'Allemagne, qui avait freiné des quatre fers sur un plan d'aide à la Grèce, dans un entretien jeudi au quotidien Financial Times Deutschland.
"Que l'on jette en priorité un regard de politique intérieure sur les questions européennes au lieu d'un regard européen sur les affaires de politique intérieure, cela me préoccupe", a déclaré M. Juncker, chef de fil des ministres des Finances de la zone euro qui a conduit les négociations européennes sur la Grèce.
Berlin, premier contributeur potentiel à une aide à Athènes -- avec une part théorique de 8,4 milliards d'euros, selon le ministère des Finances --, a longtemps refusé un geste financier, très impopulaire en Allemagne et alors que se tiennent le 9 mai des élections régionales cruciales pour la coalition gouvernementale de centre-droit.
M. Juncker s'est certes déclaré "très satisfait de la décision (sur la Grèce) et du rôle constructif du gouvernement fédéral" allemand, mais s'est également inquiété des "grandes réticences qu'il y a (en Allemagne) lorsqu'il s'agit d'Europe".
Les ministres européens se sont mis d'accord dimanche pour un plan de 30 milliards d'euros de prêts que les les seize pays de la zone euro pourront consentir à consentir à la Grèce en 2010, à un taux favorable de 5%.
Plus globalement, le Luxembourgeois regrette que les dirigeants européens "dénigrent les réussites de l'Europe".
"Nous ne sommes pas capables d'accomplir de nouveaux succès, car nous ne sommes pas fiers des succès que nous avons déjà atteints", a-t-il estimé dans cette interview.
"Nous nous sommes habitués à toujours nous plaindre", ce qui donne aux citoyens l'image d'une Union européenne réduite à "une bagarre générale plutôt qu'une destinée commune harmonieuse".
Il souligne le rôle de la monnaie unique qui "nous a tous protégés pendant la crise" et plaide pour un renforcement de la coopération en Europe, sous la forme par exemple d'une armée européenne commune ou d'un impôt. "Si on avait un impôt européen, il y aurait moins de disputes au sujet du financement du budget de l'Union", juge-t-il. Mais dans le contexte actuel, de tels projets ne sont pas prêts de s'imposer, reconnaît-il.