Les ministres des Finances de la zone euro n'ont pas exclu qu'un volume total de crédit de 90 milliards d'euros soit nécessaire sur trois ans pour aider la Grèce, affirme le Handelsblatt mercredi, un montant sur lequel Berlin a refusé de "spéculer".
Les 30 milliards d'euros de prêts que les seize pays de la zone euro sont prêts à consentir à la Grèce en 2010 à un taux favorable de 5% ne sont qu'"un premier pas", affirme un membre du conseil des ministres allemand cité par le Handelsblatt.
"Un volume de crédit allant jusqu'à 90 milliards d'euros n'est pas exclu" sur trois ans, selon une source proche de la Commission européenne citée par le journal.
"Je ne peux pas confirmer ce chiffre", a rétorqué devant la presse le porte-parole du ministère allemand des Finances Michael Offer.
Les ministres de la zone euro ont annoncé dimanche "un programme qui doit couvrir une période de trois ans, avec un volume de crédits allant jusqu'à 30 milliards d'euros pour la première année", soit 2010, mais "tout le reste n'est que spéculation (...). Il n'y a pas de chiffre pour les prochaines années", a dit M. Offer. "Et il y a sûrement une raison au fait que cela ait été formulé comme ça", a-t-il ajouté.
Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a indiqué de son côté à l'AFP qu'il était "trop tôt pour apporter une réponse" sur le montant que pourrait atteindre le plan sur trois ans.
La presse grecque avait, elle, fait état lundi d'un chiffre de 80 milliards d'euros au total sur trois ans pour l'ensemble du plan, avec la participation du FMI. La Commission européenne l'a qualifié de "pure spéculation".
Interrogé par l'AFP sur cette estimation mardi, M. Juncker a indiqué "ne pas pouvoir confirmer ce chiffre", sans pour autant démentir qu'il puisse s'agir d'un ordre de grandeur réaliste.
"Nous avons décidé dimanche que pour les années suivant 2010, nous allions voir en détail les modalités d'un mécanisme d'aide, si mécanisme d'aide il devait y avoir encore à cette période, qui dépendra de l'état des marchés et des progrès du programme de consolidation grec", a-t-il expliqué.
Berlin a freiné des quatre fers pour un programme de soutien à Athènes et veut toujours croire qu'il ne sera pas activé.
En cas de crédits prolongés à la Grèce, la facture pour l'Allemagne, première économie européenne, serait nettement alourdie. Sur les 30 milliards d'euros déjà évoqués, elle endosserait environ 8,4 milliards d'euros, soit l'addition la plus lourde au sein de l'UE.
Le porte-parole allemand a répété qu'Athènes n'avait pour l'instant sollicité aucune aide. "Et cela n'a pas l'air d'être le cas en ce moment, alors qu'un nouveau financement a été possible hier" sur les marchés, a-t-il dit.
La Grèce a placé avec succès mardi pour 1,56 milliard d'euros de bons du Trésor sur six mois et un an, une opération qui a suscité une très forte demande des investisseurs. L'accord d'aide européen a permis de calmer les inquiétudes, éloignant le spectre d'une faillite immédiate du pays.