Le Pentagone, déjà approché par Boeing et peut-être par Airbus, devrait également étudier une proposition du constructeur russe des Iliouchine, intéressé par son appel d'offres à 35 milliards de dollars pour la fourniture d'avions ravitailleurs.
Ce serait le plus gros contrat jamais rapporté par une entreprise russe auprès des militaires américains.
John Kirkland, avocat américain du constructeur UAC, détenu majoritairement par l'Etat russe, a affirmé à l'AFP que son client allait "annoncer lundi une coentreprise avec une société américaine pour répondre à l'appel d'offres pour le programme d'avions ravitailleurs".
M. Kirkland n'a pas précisé quel serait le partenaire américain de cette proposition, se bornant à indiquer qu'il s'agissait d'une société cotée.
Il a en revanche affirmé que le Premier ministre russe Vladimir Poutine s'était déjà personnellement entretenu avec le président américain Barack Obama, la dernière fois qu'ils se sont rencontrés.
"Obama a donné à Poutine son assurance que (le constructeur russe) serait traité sur la même base que les autres, que s'ils étaient les meilleurs pour respecter les critères, ils l'emporteraient".
Enfin, M. Kirkland a indiqué que les Russes entendaient pousser le dossier durant la visite en cours de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton à Moscou. Le vice-Premier ministre russe "Sergueï Ivanov voudrait en parler personnellement à Hillary Clinton pendant qu'elle est à Moscou", a-t-il dit.
L'irruption d'un constructeur russe est une nouvelle surprise dans ce dossier, qui n'a pas manqué de rebondissements.
Le groupe EADS, qui semblait hors course à la suite du refus de son partenaire américain Northrop Grumman de participer à une compétition qu'il estimait biaisée, a en effet indiqué vendredi matin qu'il envisageait finalement de tout de même faire une proposition.
De source informée, on a indiqué que l'avion qui serait proposé par UAC serait une version modifiée de l'avion Iliouchine Il-96, qui serait baptisé Il-98, sensiblement de la même taille que le 767 modifié proposé par Boeing, mais aux coût de fonctionnement proche de celui des KC-135 actuellement utilisés par l'armée de l'Air.
L'appareil serait "construit en Russie", mais "assemblé dans le sud-est des Etats-Unis".
Pour les partisans du dossier, l'appareil serait à même de respecter tous les critères fixés par le Pentagone, avec un coût inférieur de 10% à celui de Boeing.
"Bizarre!", s'est exclamé Richard Aboulafia, analyste de Teal Group spécialisé dans l'aéronautique, interrogé par l'AFP sur ce nouvel acteur de la compétition.
Selon lui, UAC "n'a aucune chance. Outre les problèmes évidents de sécurité, il y a de forts doutes sur leur capacité à construire un avion à réaction qui soit au niveau d'Airbus ou de Boeing".
Car autant les militaires américains utilisent des hélicoptères ou des avions cargo (Antonov) de fabrication russe, autant les performances de l'aviation civile russe sont médiocres, voire "désastreuses", selon M. Aboulafia.
En attendant, le Pentagone doit encore formellement accepter de prolonger de trois mois le délai de l'appel d'offres, comme l'a demandé EADS, la maison mère d'Airbus, et comme le souhaiteraient sans doute aussi les Russes.
Le délai actuel court jusqu'au 10 mai.
L'appel d'offres pour la fourniture de 179 avions ravitailleurs à l'armée américaine avait été attribué dans un premier temps à Boeing en 2003, puis à Airbus (EADS) et son allié américain Northrop Grumman en 2008. Mais il avait à chaque fois été annulé.