Le président français Nicolas Sarkozy a indiqué vendredi à Londres que les discussions européennes sur les fonds spéculatifs visaient à "trouver un point d'équilibre", qui permette d'obtenir la transparence sans que la City "ne se sente mise en danger".
M. Sarkozy s'exprimait lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre britannique Gordon Brown à Londres, à l'issue d'une rencontre avec celui-ci.
Il a indiqué que les deux hommes avaient évoqué la question des fonds spéculatifs, dont l'Union européenne cherche actuellement à réformer la régulation, ce qui inquiète les pays où ils sont très représentés, comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
"J'ai toujours pensé que les +hedge funds+ avaient porté une très lourde responsabilité dans la crise financière et qu'il fallait les réguler, et Gordon Brown a toujours été de mon avis", a assuré M. Sarkozy, ajoutant : "Que le Premier ministre britannique veuille défendre les intérêts de la City, s'il ne le faisait pas, on lui dirait, +qu'est-ce que tu fais+?". "Moi aussi je défends les intérêts de l'économie française", a convenu le Président.
Il a indiqué que les discussions continuaient "pour trouver le point d'équilibre qui nous permettra de faire la régulation, d'obtenir la transparence et d'éviter les risques systémiques, et qu'en même temps, la City, qui est un atout pour l'Europe, ne se sente pas mise en danger".
Il a indiqué qu'un tel accord n'avait pas encore été trouvé, mais que les "collaborateurs vont s'y mettre".
De son côté M. Brown a repris ces arguments en se montrant "confiant" "qu'un résultat très satisfaisant pourrait être trouvé dans les prochains jours". "Ce sera l'affaire des ministres des Finances la semaine prochaine", a-t-il dit
Mercredi, le secrétaire d'Etat britannique aux services financiers, Paul Myners, avait indiqué devant des patrons de fonds d'investissement qu'il se battrait "pied à pied" pour défendre la libre circulation du capital.
Il avait cependant reconnu que "personne dans cette salle n'allait obtenir la directive européenne qu'il espère".
M. Sarkozy s'est par ailleurs de nouveau prononcé pour une taxation des transactions financières : "Comme Gordon, je crois à la taxation, dans le cadre de financements innovants, des transactions financières", a-t-il dit, ajoutant que "plus ces financements seront mondiaux moins il y aura de risque de protectionnisme et de concurrence déloyale".
En ce qui concerne les moyens de parvenir à une telle taxe, il a noté des divergences de points de vue et que "chacun devait accepter de faire des efforts".
Les deux hommes enfin n'ont pas paru particulièrement emballés par l'idée d'un Fonds monétaire européen, défendue par l'Allemagne dans le cadre des difficultés financières de la Grèce.
"Par principe je ne ne refuse aucune idée, et c'est toujours passionnant de débattre de tout ça", a remarqué M. Sarkozy, notant qu'il avait "expliqué à Gordon Brown que quand on était dans la zone euro, la solidarité devait se manifester entre ceux qui avaient la même monnaie". Le Royaume-Uni n'appartient pas à la zone euro.
Il a observé cependant que "tous les jours il y a une nouvelle idée (qui apparaît) et à un moment, il faudra qu'on se mette tous autour de la table et qu'on réfléchisse", a-t-il noté.
"Nous sommes prêts à examiner toute proposition qui se fait jour, mais je pense qu'une solution aux problèmes que rencontre la Grèce est possible dans le cadre actuel, et je pense que c'est vers quoi on s'achemine", a remarqué de son côté M. Brown.
Il a estimé que "les mesures prises par les Grecs sont de nature à laisser penser en Europe que la Grèce fait tout ce qui est en son pouvoir pour régler le problème de son déficit".