Les dirigeants du constructeur japonais Toyota ont commencé à affronter les critiques et les questions des parlementaires américains mardi à l'orée de deux jours d'auditions, le PDG Akio Toyoda admettant que son groupe avait connu une croissance trop rapide.
"Je crains que le rythme auquel nous nous sommes développés ait été trop rapide", affirme M. Toyoda dans le texte du discours qu'il doit prononcer mercredi devant la commission de la Surveillance et de la Réforme gouvernementale.
"Nos priorités se sont embrouillées" et "notre principe de base consistant à écouter les consommateurs pour faire de meilleurs produits s'en est retrouvé compromis", poursuit-il dans ce document diffusé à l'avance.
Lors d'une première audition mardi à la commission de l'Energie et du Commerce de la Chambre des représentants, son président Henry Waxman s'est dit "un grand admirateur de Toyota".
problèmes "Toyota est une importante entreprise citoyenne pour les Etats-Unis. C'est pour cela que je suis déçu par (sa) réaction aux problèmes d'accélérations involontaires", principale cause des rappels massifs du constructeur des dernières semaines, neuf millions dans le monde et six millions aux Etats-Unis, a ajouté M. Waxman.
Il a fustigé le fait que "ni Toyota ni le gouvernement ne se soient sérieusement penchés sur le fait que des dysfonctionnements électroniques pourraient être à l'origine" des accélérations soudaines, déplorant aussi que l'agence de sécurité routière américaine, la NHTSA, ne compte "même pas d'ingénieur en électronique" dans ses effectifs.
Rhonda Smith, une Américaine venue témoigner, a fondu en larmes en racontant un accident dans lequel elle a failli perdre la vie en conduisant une Toyota dont l'accélérateur s'est retrouvé coincé.
Elle a expliqué que lorsqu'elle s'était plainte auprès de Toyota, on lui avait répondu que "quand ils sont entretenus correctement, les freins prennent toujours le dessus sur l'accélérateur".
Toyota lui a aussi dit que pour que son accélérateur se bloque, il aurait fallu que "l'accélérateur et les freins cessent de fonctionner en même temps, ce qui est virtuellement impossible".
David Gilbert, un expert en électronique automobile, et Sean Kane, membre d'un cabinet de recherche sur la sécurité des consommateurs, ont estimé que les cas d'accélération involontaires ne provenaient probablement pas des tapis de sol ou des pédales d'accélérateurs, comme Toyota l'affirme, mais des systèmes électroniques qui commandent les pédales.
"Les solutions que nous avons mises en places sont efficaces et durables", a rétorqué Jim Lentz, directeur de l'exploitation de Toyota aux Etats-Unis. "Nous sommes convaincus qu'il n'y a aucun problème avec nos systèmes électroniques".
M. Lentz a rappelé que le constructeur avait réparé "800.000 véhicules" depuis le début de la crise fin janvier, au rythme de 50.000 voitures par jour.
En ouvrant la session, le démocrate Bart Stupak (Michigan, nord) a accusé la NHTSA de s'être montrée peut-être "trop accommodante avec le secteur" automobile et le constructeur d'avoir "trompé le public américain" dans ses déclarations sur les problèmes d'accélération soudaine.
De son côté, le ministre des Transports Ray LaHood devait défendre son administration et la NHTSA.
Lors de sa présentation liminaire, M. Waxman a jugé qu'il serait "dommageable que Toyota pâtisse de ces rappels de manière permanente". Mais "la sécurité doit primer" et "il faudra éventuellement légiférer" sur les systèmes électroniques automobiles.