
Les Etats-Unis ont continué de perdre des emplois en janvier, mais nettement moins qu'en décembre, semblant se rapprocher un peu plus du moment où les embauches reprendront, tandis que le taux de chômage est retombé contre toute attente à son niveau du mois d'août.
Les entreprises du pays ont détruit 20.000 postes de travail nets, soit plus de sept fois moins qu'en décembre, selon le rapport mensuel sur l'emploi publié vendredi par le département du Travail à Washington.
Malgré la poursuite des licenciements, le taux de chômage est passé de 10% en décembre à 9,7% fin janvier.
Les chiffres du ministère ont doublement pris au dépourvu les analystes, qui tablaient sur un maintien du chômage à 10% et 15.000 créations d'emplois.
La baisse du chômage peut s'expliquer par le fait que le rapport du ministère contient deux études distinctes, l'une mesurant des emplois auprès des entreprises, et l'autre mesurant des personnes, certaines pouvant avoir plusieurs emplois.
Ce deuxième rapport montre que le nombre de personnes employées a augmenté en janvier, et que le nombre d'Américains occupant plusieurs postes de travail a baissé.
Le recul du chômage de janvier n'exclut pas une remontée à venir. Pour Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE, cela devrait même arriver dès le mois de février. La Maison Blanche a indiqué lundi qu'elle tablait sur un chômage moyen de 10% pour l'ensemble de 2010.

Le ministère a revu en forte hausse le nombre des licenciements nets causés par la récession entamée en décembre 2007 et dont les Etats-Unis sont sortis pendant l'été. En 2009, l'emploi a chuté de 3,6%, du jamais vu depuis 1945.
Depuis décembre 2007, le pays a perdu 8,4 millions de postes de travail, et la reprise tarde à se faire sentir sur l'emploi.
Reconnaissant que la situation restait "grave", la Maison Blanche a affirmé qu'il y avait des "signes encourageants" sur la reprise du marché du travail.
En janvier, le secteur des services, qui représente plus des deux tiers du produit intérieur brut, est revenu à la création d'emplois.
Le rapport du ministère montre également une hausse du travail temporaire et des heures travaillées, deux étapes indispensables avant que les sociétés n'embauchent.
Les chiffres apportent "des nouvelles modérément bonnes", estime Sophia Koropeckyj, analyste de Moody's Economy.com, "l'emploi est susceptible d'être proche du rebond, mais il n'y a pas grand chose dans le rapport laissant supposer que celui-ci sera fort".

Les 20.000 emplois perdus de janvier sont "une étape importante" par rapport aux 779.000 de janvier 2008, note Sal Guatieri, économiste de BMO Capital Markets, mais le marché du travail continue de peser sur les consommateurs, "endettés et limités en terme de revenus".
Pour cette raison, les autorités de Washington et la majorité des économistes tablent sur une croissance lente de l'économie nationale, la consommation des ménages étant le moteur de la croissance américaine.
Plusieurs économistes estiment que la baisse du chômage de janvier n'aura pas d'effet sur la volonté affichée par la banque centrale (Fed) de maintenir longtemps "extrêmement bas" son taux directeur quasi nul pour soutenir la croissance.
Les mesures de relance de l'Etat s'intensifient. Le président Barack Obama a décrété l'emploi urgence nationale pour 2010, et la Chambre basse devrait voter la semaine prochaine de nouvelles aides à l'embauche.