L'administration pénitentiaire a renouvelé sa convention avec Pôle emploi prévoyant une soixantaine de conseillers pour aider les détenus à trouver du travail en sortant de prison, "chiffre qui n'a pas augmenté depuis 2003", a regretté l'Observatoire international des prisons.
"Maintenir ce nombre de conseillers est le signe d'un nouveau désengagement de l'Etat vis-à-vis des personnes détenues, malgré les annonces de la loi pénitentiaire" d'octobre 2009, a déclaré vendredi à l'AFP Marie Cretenot, de la permanence juridique de l'OIP. Depuis 2003, le nombre de personnes écrouées a augmenté de 15% à 67.366.
"C'est en totale contradiction avec tous les discours faits sur la nécessité de favoriser l'insertion des personnes détenues, et qui ne tient pas compte de l'augmentation de la population carcérale", a-t-elle ajouté.
La convention-cadre nationale de collaboration 2010-2012 entre la direction de l'administration pénitentiaire (DAP) et Pôle emploi "prévoit l'affectation de 62,5 équivalents temps plein de conseillers Pôle emploi qui interviennent en milieu pénitentiaire sur l'ensemble du territoire", selon le document validé au dernier conseil d'administration de Pôle emploi, obtenu par l'AFP.
Cette convention existe depuis 1993. Elle doit "permettre aux personnes placées sous main de justice d'accéder au service de droit commun et ainsi de préparer leur réinsertion dans la vie active et prévenir les risques de récidives".
Or, selon une étude de la DAP en 2008 sur la mise en oeuvre de la convention, trois condamnés libérés sur quatre n'ont vu aucun conseiller ANPE.
Seuls 3% sont sortis avec une promesse d'embauche via l'ANPE (devenu Pôle emploi) et 1,3% avec une inscription en formation professionnelle.
Plus de 68% des conseillers passent entre un et cinq jours par mois vraiment au contact des détenus.
Ces derniers travaillent une partie de leur temps en agence. En prison, ils ne voient que ceux dont la libération est proche ou susceptible d'un aménagement de peine.
20% n'ont pas de local fixe pour mener les entretiens en prison, 14% le font dans les parloirs avocat.
"Outre le manque de locaux dédiés, beaucoup ne peuvent pas intervenir avec un ordinateur pour raisons de sécurité. Sauf dans quelques endroits, ils fonctionnent avec des listings papiers d'offres d'emploi imprimés au préalable. Cela pose quand même des problèmes pour aider les détenus à rechercher un emploi ou une inscription", selon Mme Cretenot.