Près des trois quarts du personnel de Pôle emploi connaît une situation de travail "tendue", selon les résultats d'un questionnaire réalisé en novembre et présenté mardi en vue d'améliorer les conditions de travail dans le nouvel organisme chargé des demandeurs d'emploi.
Ils ont été présentés aux syndicats du personnel auxquels Pôle emploi "a proposé de se réunir à un rythme soutenu pour aboutir à un accord de prévention d'ici fin février et une mise en application rapide", selon la direction.
71,2% des répondants à ce questionnaire commandé par la direction rapportent se trouver dans une situation de travail tendue (par opposition à "détendue", "active" ou "passive") et pour 45,6%, la situation est aggravée parce que la personne est isolée, indique le rapport "Diagnostic sur les risques psychosociaux" communiqué à l'AFP.
"La pression des exigences du travail est bien plus prégnante" que celle observée en France lors de l'enquête "Sumer 2003" utilisant les mêmes critères.
"Cette pression tient moins à la charge de travail (même si elle est majoritairement jugée excessive) qu'à l'impossibilité d'effectuer le travail du fait de l'absence de +sérénité+", exposent les auteurs, issus du cabinet Isast.
Travailler à Pôle emploi depuis la fusion ANPE-Assedic signifie être "souvent bousculé, interrompu (...)", "beaucoup apprendre de choses nouvelles (...)" mais sans avoir particulièrement le sentiment de s'enrichir et sans soutien hiérarchique. "On peut faire l'hypothèse que la capacité des supérieurs à encadrer les équipes ou les assister est affaiblie dans la situation de changement (...)", écrivent-ils.
Dans le détail, 86% du personnel a vu son travail changer depuis la fusion et essentiellement dans le sens d'une "dégradation", même si la majorité (62%) n'a pas changé de lieu géographique.
Environ 89% estiment n'avoir pas été bien préparé voire pas du tout aux changements, ni même bien informés pour 82% des cas, en dépit de formation spécifique que disent avoir reçu les deux-tiers des répondants.
Seuls 33% disent qu'en cas de difficulté, ils ont facilement le temps d'échanger avec leurs supérieurs.
Une majorité a le sentiment d'être utile dans son travail (70,2%) mais davantage sont ceux qui n'ont pas envie de faire le même travail jusqu'à la retraite (74,4%). Une majorité pense que c'est plutôt mauvais pour sa santé (58,5%) et confie avoir "parfois" peur pendant son travail (52,4%).
Les salariés pouvaient répondre en ligne au questionnaire du 5 au 20 novembre, ce qu'on fait plus de la moitié (51,7%) des 48.540 salariés (effectif au 30 octobre), la participation reflétant de manière "globalement satisfaisante" le poids respectif de chaque région, tranche d'âge, profil et ancienneté.
Près des trois quarts du personnel sont des femmes, près d'un quart a plus de 21 ans d'ancienneté et environ 80% travaille au contact avec les demandeurs d'emploi ou les employeurs.
Pôle emploi compte une minorité de cadres, 60% de salariés de 18 à 44 ans, un quart de salariés à temps partiel. 72,8% ont été recrutés par l'ANPE, 20,4% par l'assurance chômage et 6,9% par Pôle emploi.
Environ 44% se partage leur temps entre plusieurs sites.