L'Insee va engager une "expertise" pour comprendre le décalage croissant entre ses premières estimations de l'emploi salarié et les chiffres réels, a indiqué jeudi à l'AFP le directeur des statistiques démographiques et sociales Stéphan Lollivier.
L'Insee a annoncé jeudi que les destructions d'emploi, liées à la crise, s'étaient poursuivies au troisième trimestre dans la lignée du deuxième, alors qu'une estimation provisoire, publiée il y a environ un mois faisait apparaître une spectaculaire décélération.
"Cette estimation, réalisée 45 jours après la fin du 3ème trimestre, est faite à partir d'une enquête Acemo de la Dares (département statistiques des ministères du Travail et de l'Emploi) qui ne couvre pas les établissements de dix salariés et moins", a rappelé M. Lollivier.
"Elle a vocation à traiter la totalité des établissements et grâce à des techniques d'extrapolation, à s'approcher le plus possible du chiffre définitif, publié ce jeudi", a-t-il ajouté.
Le chiffre de jeudi (-80.700 emplois salariés au 3e trimestre) "n'est pas une estimation à partir d'une source partielle, mais une source exacte et exhaustive à partir des bordereaux Urssaf. Economiquement, il est plus cohérent et plus logique que le chiffre provisoire qui nous posait problème", a-t-il souligné.
"Habituellement, l'estimation ne tombe pas trop loin de la cible, mais cette fois-ci on est tombé très loin et on va expertiser les raisons pour lesquelles depuis deux ou trois trimestres, on tombe de plus en plus loin et regarder, secteur par secteur, les causes de cette divergence", a-t-il ajouté.
Parmi les hypothèses, il est possible que l'ampleur de la récession perturbe les modèles: "les équations ne sont pas faites pour gérer les grands chocs", mais il est aussi possible que "la dynamique intrinsèque des très petites entreprises soit différente de celle des grandes et on sera alors très ennuyés. L'issue de l'expertise est pour l'instant inconnue".
M. Lollivier a souligné que l'Acoss, l'agence centrale des organismes de Sécurité sociale (banque de la Sécu), qui utilise aussi les bordereaux Urssaf, aboutit à "rigoureusement la même tendance sur un an" que l'Insee, à savoir une baisse de 2,2% du nombre d'emplois salariés en un an au 30 septembre.
"Par trimestre, on n'a pas exactement les mêmes procédures de corrections des variations saisonnières, ce qui fait qu'il peut y avoir des différences passagères avec l'Acoss, mais pas de divergence durable", a-t-il dit.