A la satisfaction des restaurateurs, Nicolas Sarkozy a exclu mardi de revenir sur la TVA à taux réduit dans le secteur de la restauration, une mesure pourtant très contestée en raison de son coût pour les finances publiques et de son peu d'impact sur les prix.
"Jamais je ne reviendrai sur la baisse de la TVA sur la restauration" passée de 19,6% à 5,5% en juillet, a lancé M. Sarkozy lors d'une visite dans le Val-de-Marne, mettant fin au débat lancé par des sénateurs.
"Une promesse leur a été faite par mon prédécesseur, vous voyez où j'en suis, je tiens même les promesses des autres", a ajouté le chef de l'Etat.
Une déclaration saluée par le Synhorcat, deuxième syndicat de restaurateurs, qui a qualifié le président Sarkozy d'"homme de parole".
Cette mise au point du chef de l'Etat est intervenue au lendemain du vote lundi à l'unanimité par la commission des finances du Sénat d'un amendement destiné à rétablir le taux de 19,6%.
Le Sénat l'a rejeté dans la nuit. Mais cet amendement n'en est pas moins apparu comme un avertissement aux restaurateurs, qui rechignent à tenir leurs engagements de baisser les prix d'une partie de leur carte en échange de la réduction de la TVA. Une partie des fruits de la TVA doit être en outre réaffectée aux salaires, à l'emploi et à la modernisation de leurs établissements.
Cette mesure a suscité, depuis son entrée en vigueur en juillet, de vives critiques, notamment de nombreux députés, inquiets de son poids sur les finances publiques, entre 2,5 et 3 milliards d'euros, selon les estimations.
Depuis la grogne n'a pas cessé, d'autant que la baisse des prix dans les restaurants n'a pas été au rendez-vous. Les additions ont diminué en moyenne de 1,5%, au lieu des 3% attendus.
Le gouvernement a lui-même rappelé à l'ordre à plusieurs reprises les restaurateurs, mais en vain.
"Aujourd'hui, les engagements ne sont pas complètement tenus, puisque le premier engagement, c'était la baisse des prix" et celle-ci "est insuffisante", a encore noté mardi Luc Chatel, porte-parole du gouvernement.
A gauche, l'ex-Premier secrétaire du PS François Hollande a souhaité une évaluation d'ici "la fin de l'année" des effets de cette mesure. S'il s'avère qu'elle n'a pas fonctionné, il faudra "récupérer les trois milliards", a-t-il affirmé.
Le président du Mouvement démocrate (MoDem) François Bayrou a critiqué le manque de préparation qui a entouré la baisse de la TVA, tout en estimant que le retour en arrière était "impossible".
Les restaurateurs ont "reçu le message", a assuré Christine Pujol la présidente de l'Umih, principal syndicat de restaurateurs.
Cette baisse "a sauvé des restaurateurs et aussi des emplois", alors qu'"au printemps, 50% d'entre eux étaient en très grandes difficultés", note toutefois Bernard Boutboul, directeur général de Gira Conseil, cabinet d'études spécialisé dans la restauration.
Deux réunions capitales pour la profession auront prochainement lieu à Bercy: le 30 novembre, date butoir, pour les négociations salariales, et le 15 décembre, date du Comité de suivi qui tirera un bilan définitif sur l'évolution des prix.
Le gouvernement avait averti que si la baisse des prix n'était pas suffisante, il en "tirerait toutes les conséquences". Une menace qui semble désormais s'éloigner