Le géant américain de l'aluminium Alcoa a réagi avec virulence à la décision de la Commission européenne lui demandant de rembourser des aides reçues sur le prix de l'électricité, suspendant la production dans deux usines d'Italie et annonçant qu'il allait faire appel.
"Alcoa va arrêter temporairement la production dans ses deux fonderies de Fusina et Portovesme", où "2.000 emplois directs et indirects sont concernés", indique le groupe dans un communiqué jeudi. Alcoa emploie 2.500 personnes en Italie.
Cette suspension a été décidée en raison "des incertitudes sur la fourniture d'électricité pour ses fours de fusion à des taux compétitifs, et de l'impact financier de la décision de la Commission européenne", ajoute Alcoa.
La Commission a demandé jeudi au producteur d'aluminium de rembourser des subventions touchées depuis 2006 sur les prix de l'électricité en Italie, estimant qu'il s'agissait d'aides publiques illégales.
Le montant des aides à rembourser n'a pas été divulgué mais selon des sources syndicales citées par les médias italiens, il s'élèverait à 270 millions d'euros.
La production d'aluminium étant très consommatrice d'énergie, Alcoa avait conclu avec le fournisseur d'électricité italien Enel un contrat lui assurant des tarifs fixes pour une durée de dix ans, jusqu'en décembre 2005.
La Commission avait autorisé à l'époque ce qu'elle avait assimilé à une "opération commerciale ordinaire conclue aux conditions du marché".
Mais depuis 2006, Alcoa continue de bénéficier de tarifs privilégiés, mais selon un dispositif différent: il continue d'acheter son électricité à Enel, mais l'Etat italien lui rembourse la différence avec le tarif historique, ce que Bruxelles considère comme "une aide publique illégale".
"Le tarif était en place depuis plus de dix ans en Italie et a été approuvé par la Commission en 1995, l'année où Alcoa a acheté ces infrastructures", se défend le groupe, prévenant qu'il allait faire appel de la décision de l'UE.
"Sans ce tarif, les deux fonderies (...) ne sont pas viables aux tarifs actuels d'électricité en Italie", poursuit-il.
"Le message envoyé par la Commission aux travailleurs et aux investisseurs est que l'industrie lourde n'est plus une priorité", a commenté Klaus Kleinfeld, PDG d'Alcoa.
"Vu la crise économique, cette décision est difficile à comprendre. Des emplois qualifiés et à long terme vont être perdus, des infrastructures vont être fermées, et des entreprises en Europe ne seront plus en mesure de rester compétitives", a-t-il ajouté, soulignant que la décision de la Commission "n'est pas fondée sur une plainte de concurrent ou de tiers".
Alcoa va prendre "des mesures immédiates pour améliorer la rentabilité de ses opérations de fusion", a-t-il ajouté.
Le groupe est présent en Italie depuis 35 ans avec 4 sites dans le nord et le centre du pays ainsi qu'en Sardaigne. Le laminoir de Fusina, qui jouxte le four à fusion, "ne verra pas ses activités directement affectées par" la suspension de production dans les fonderies fusion, précise Alcoa.
Les suspensions de production en Italie vont se traduire par une charge au quatrième trimestre comprise entre 300 et 500 millions de dollars avant-impôt, avertit le groupe.
Au troisième trimestre, il avait dégagé un petit bénéfice de 77 millions de dollars après trois trimestres consécutifs de pertes, pour un chiffre d'affaires en chute de 34% sur un an, notamment en raison de la baisse du cours des matières premières comparé à la même période en 2008.