La Banque d'Angleterre a montré mercredi un optimisme mesuré sur la reprise économique au Royaume-Uni, en relevant ses prévisions pour la croissance à partir du deuxième semestre de 2010, tout en prévenant qu'il était prématuré de tabler sur un arrêt de ses rachats d'actifs.
La banque centrale, qui prévoit un retour du pays à la croissance début 2010, a indiqué dans son rapport trimestriel sur l'inflation publié mercredi qu'elle s'attend à une hausse du Produit intérieur brut (PIB) pouvant dépasser 4% pendant un an, à partir du quatrième trimestre 2010, alors qu'auparavant, elle la voyait plafonner à 3% sur cette période dans le meilleur des cas.
"Une reprise de l'activité est possible, grâce au stimulus considérable apporté à la fois par la politique d'assouplissement monétaire et de relance budgétaire et par la dépréciation de la livre sterling", a expliqué la banque centrale britannique dans son rapport.
La Banque d'Angleterre (BoE) a noté en outre qu'il était légitime de s'attendre à une "révision légèrement à la hausse" du chiffre du PIB pour le troisième trimestre, après la publication d'indicateurs économiques meilleurs que prévu.
Selon l'estimation initiale, le PIB s'est replié de 0,4% au troisième trimestre 2009 par rapport au précédent, enregistrant son sixième trimestre successif de repli. Le Royaume-Uni est entrée en récession au deuxième trimestre 2008, et c'est la plus longue période de contraction de l'activité économique en cinquante ans.
Cependant, la Banque d'Angleterre a tempéré son optimisme en estimant que la vigueur de la reprise était "hautement incertaine" et en pariant sur une "reprise lente". Elle s'est notamment inquiétée de la faiblesse persistante de l'offre de crédit, qui peut freiner la consommation et l'investissement.
Lors d'une conférence de presse mercredi, Mervyn King, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, a par ailleurs indiqué que les investisseurs avaient tort de tabler sur la fin des mesures de soutien à l'économie prises par la BoE.
Afin d'aider une économie en profonde récession, la Banque d'Angleterre a non seulement abaissé son taux directeur jusqu'au niveau historiquement bas de 0,5%, auquel il est resté fixé depuis mars, mais a aussi relevé la semaine dernière son programme de rachat d'actifs (dit d'assouplissement quantitatif) à 200 milliards de livres.
La BoE avait ajouté que "l'ampleur du programme resterait sous surveillance", mais certains économistes avaient estimé qu'elle s'arrêterait là.
La perspective d'un maintien des taux au plus bas et d'une éventuelle extension des rachats d'actifs a été accueillie de manière contrastée.
Les marchés d'actions ont apprécié la volonté de la Banque d'Angleterre de continuer à soutenir de l'économie, entraînant la Bourse de Londres au-dessus de 5.300 points pour la première fois depuis 14 mois.
Mais la livre a pâti au contraire des commentaires de l'institution qui voit dans la "dépréciation considérable" de la monnaie un soutien aux exportations du Royaume-Uni. Cette dépréciation pourrait aussi alimenter un pic de l'inflation à court terme, au-dessus de l'objectif de 2% sous lequel la BoE est censée la contenir.
Dans la foulée du rapport, la livre sterling est descendue jusqu'à 1,1050 euro, contre 1,1180 euro au moment de sa publication.
Cependant, "si M. King ne ferme pas la porte à de nouvelles mesures de rachats d'actifs, celles-ci restent peu probables à moins d'un retournement sérieux de l'économie en 2010 après un retour prévu à la croissance au quatrième trimestre (2009)", a estimé Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.