
Les ministres européens des Finances ont promis mercredi de militer pour mieux encadrer les bonus bancaires au niveau mondial en vue du prochain sommet du G20, mais le flou règne encore sur la forme précise que cet encadrement pourrait prendre.
"Il y a eu une position européenne commune forte sur la question des rémunérations et des bonus", a déclaré le ministre suédois des Finances Anders Borg, dont le pays préside l'UE, à l'issue d'une réunion avec ses homologues européens.
Cette rencontre visait à préparer le sommet du G20 sur l'économie mondiale à Pittsburgh (Etats-Unis) les 24 et 25 septembre et, avant cela, une réunion des ministres des Finances du G20 vendredi et samedi à Londres.
Les ministres des Finances de l'UE ont adopté un texte dans lequel ils appellent notamment le G20 à plaider pour "augmenter le lien entre les rémunérations", en particulier les bonus, "et les performances".
"L'UE appelle les pays du G20 à s'engager à prendre des mesures efficaces à l'encontre des banques qui ne suivent pas les principes" en ce sens, déclarent-ils également.
"Clairement, il y aura beaucoup de travail à faire", a reconnu M. Borg. Mais, a-t-il poursuivi, "je crois qu'il est assez clair que maintenant nous avons mis une forte pression de l'autre côté de l'Atlantique" et sur les Etats-Unis, peu enclins à limiter autoritairement les primes accordées aux banquiers.
La ministre française des Finances, Christine Lagarde, s'est de son côté félicitée que l'Europe ait désormais "une position très claire" consistant "à encadrer rigoureusement avec des mécanismes de sanctions et avec un principe de plafond les rémunérations variables".
Plusieurs grands argentiers européens, dont le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, ont soutenu la position française d'une limitation internationale des bonus bancaires.

Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé la semaine dernière son intention de faire une proposition en ce sens au G20, à la suite de l'annonce de mesures en France pour limiter les primes des traders.
Les banques françaises ont accepté la mise en place d'un système de bonus-malus, avec versement différé d'une partie du bonus. En vertu de ce nouveau système, si les performances ne sont pas au rendez-vous dans la durée, la partie différée du bonus ne serait pas versée.
Les initiatives prises par la France ont été "un élément clé" des discussions entre les ministres des Finances européens, a indiqué M. Borg.
Mais les ministres n'ont pas abordé précisément mercredi la forme que pourrait prendre l'encadrement plus strict des bonus, alors que la Grande-Bretagne qui abrite la City, principale place financière européenne, est très réticente face à une limitation internationale.
Le maire de Londres, Boris Johnson, en déplacement à Bruxelles, a déclaré mercredi à l'AFP qu'il jugeait "difficile" de trouver un "système satisfaisant" pour limiter les bonus. Selon lui, les banques pourront trouver facilement un autre moyen de rémunération équivalent pour leurs traders.
Mme Lagarde a d'ailleurs reconnu qu'il n'y avait pas eu, au niveau des 27 membres de l'UE, "la capacité d'engager un tour de table aussi serré" qu'au niveau des ministres des 16 pays de la zone euro.
Dans un autre domaine, les pays de l'UE se sont mis d'accord pour renflouer davantage que prévu le Fonds monétaire international. Ils vont augmenter de deux tiers, à 125 milliards d'euros au total, leur promesse de dotation supplémentaire du FMI.