Aucun accord n'avait encore été trouvé mercredi entre la banque suisse UBS et le gouvernement américain sur le secret bancaire alors que l'intervention de la justice dans cette affaire semble de plus en plus proche.
Mercredi, le juge américain en charge du dossier à Miami (Floride, sud-est), Alan Gold, a donné 48 heures supplémentaires aux parties pour mener leurs négociations à terme ou se mettre d'accord sur un nouveau report du procès d'UBS pour fraude fiscale qui doit en principe s'ouvrir lundi.
Lors d'une conférence téléphonique avec le juge, les avocats de la banque et ceux du gouvernement américain ont manifesté une appréhension différente des discussions en cours.
"Nous ne voyons pas l'utilité de nous engager dans une longue procédure judiciaire si nous sommes très proches d'un accord qui met tout le monde autour de la table pour résoudre le problème", a ainsi argumenté Eugene Stearns pour la banque suisse, en demandant au juge "quelques jours" supplémentaires.
"Il n'est pas sûr que nous parvenions à un accord, les gouvernements (suisse et américain) ont prévu de poursuivre les négociations mais la position des Etats-Unis est que le tribunal devrait maintenir l'ouverture du procès la semaine prochaine", a de son côté estimé Stewart Gibson pour le gouvernement américain.
Un nouveau report "ne servirait les intérêts d'aucune partie et je ne dirais pas comme M. Stearns que les parties sont très proches d'un accord", a-t-il ajouté.
Le gouvernement américain accuse la banque suisse de fraude fiscale et le fisc américain exige de connaître l'identité de 52.000 clients américains anonymes qui disposeraient de comptes secrets et dont les comptes "offshore" pourraient receler quelque 14,8 milliards de dollars.
Mercredi, la banque suisse a assuré dans un communiqué qu'"UBS continue de penser que ce problème sera mieux résolu dans le cadre de discussions directes entre les gouvernements respectifs et s'engage à soutenir ce processus".
Le procès avait été reporté d'un commun accord entre les parties, le 13 juillet, pour "permettre aux deux gouvernements de poursuivre leurs discussions afin d'arriver à une solution dans cette affaire".
Partie comme un simple litige entre une entreprise et le fisc, cette affaire s'est transformée en une négociation d'Etat, dépassant le simple cadre des agissements de la banque pour concerner l'affrontement de deux systèmes de droit.
D'un côté le secret bancaire, qui est la pierre angulaire de la puissance financière suisse, de l'autre le droit américain, qui exige que tout ressortissant américain déclare ses avoirs et revenus, où qu'ils se trouvent, et acquitte ses impôts.
Pour UBS, qui avait déjà tenté d'apaiser le fisc en acceptant en février de verser 780 millions de dollars d'amendes et de livrer les noms de quelques centaines de clients, l'enjeu est énorme, la banque, qui doit publier mardi ses résultats annuels, étant en difficile position financière et perdant des capitaux.
Des informations de presse ont récemment révélé qu'UBS préfèrerait payer une lourde amende plutôt que de renoncer définitivement au secret, auquel elle est tenue par le droit suisse.
Berne a en outre annoncé qu'il serait prêt à prendre "toutes les mesures nécessaires", y compris en procédant à la saisie de données, pour empêcher UBS de livrer des informations sur des clients.
A la Bourse suisse mercredi, le titre UBS reculait de 1,52% à 14,25 francs suisses, dans un marché en hausse de 0,56% à 14H15 GMT.