
Le chômage a continué d'augmenter au deuxième trimestre en Espagne, pays de l'UE le plus touché, selon les chiffres publiés vendredi, et le dialogue social entre gouvernement socialiste, syndicats et patronat s'est brusquement tendu.
Un total de 4,137 millions de personnes se trouvaient au chômage à la fin du mois de juin, soit 126.700 de plus que trois mois plus tôt, selon l'institut national de la statistique (Ine). Le taux de chômage est de 17,92%, record de l'Union européenne.
Ces chiffres témoignent toutefois d'un ralentissement de la hausse par rapport au début de l'année quand le taux était passé de 13,91% de la population active en décembre à 17,36% en mars.
Le gouvernement socialiste, qui a déjà dit que le plus dur de la crise économique était sans doute passé, s'est réjoui de ce ralentissement.
"Il y a une décélération intense de la destruction d'emplois", a commenté le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero.
Le secrétaire d'Etat à l'économie, José Manuel Campa, a toutefois estimé que "ce ne sont pas des chiffres qui permettent de dire qu'il y a des créations d'emplois, ce qui serait souhaitable pour obtenir un changement de tendance".
Le gouvernement, sous pression face à ces chiffres en constante progression, a estimé en juin que l'année 2009 se terminerait avec un chômage à 17,9%.
Pour corser le tout, le dialogue social s'est brutalement dégradé jeudi soir.
Depuis plusieurs mois, gouvernement, patronat et syndicats se réunissent régulièrement pour tenter de s'accorder sur une réforme des règles du marché du travail.
Les patrons souhaitent notamment une baisse des cotisations sociales et des indemnités de licenciements, tandis que le gouvernement veut allouer des aides aux chômeurs de longue durée.
Jeudi soir, l'organisation patronale CEOE a présenté une offre qui a fait sortir l'exécutif socialiste de ses gonds. Ce dernier, qui espérait trouver un accord avant août, a exprimé son "profond malaise face à l'attitude de la CEOE".
Mercredi soir, "le président de l'organisation patronale a été incapable d'expliquer (...) les raisons pour lesquelles il n'acceptait pas un document élaboré par le gouvernement et les syndicats", selon un communiqué du ministère du Travail.
La CEOE a présenté jeudi une proposition qui "ne respecte pas les lignes jaunes qui cernaient tout le processus de dialogue", poursuit le gouvernement, citant par exemple la proposition que "les travailleurs n'aient pas la possibilité d'être défendus juridiquement en cas de licenciement".
M. Zapatero a déploré vendredi la position de la CEOE. " Cela montre une faible volonté de parvenir à un accord", selon lui.
Les deux principaux syndicats de travailleurs, UGT et CCOO, ont aussi tiré à boulets rouges sur les patrons.
Dans un communiqué commun ils ont estimé que la CEOE "n'a pas respecté, sur la forme et sur le fond, le principe de loyauté qui prévaut dans toute négociation".
Le gouvernement a convoqué vendredi en fin d'après-midi une nouvelle réunion pour que la CEOE explique son "changement d'attitude". "Il est prévisible qu'il n'y ait plus de réunion", après celle-ci, a déclaré M. Zapatero.
Il a affirmé vendredi que le gouvernement allait faire passer par un décret-loi sa mesure en faveur des chômeurs arrivés en fin de droit, pour qu'ils puissent toucher une prestation supplémentaire d'environ 400 euros par mois pendant six mois.