La situation à l'usine New Fabris, où les salariés menacent de faire sauter les locaux avant le 31 juillet, restait bloquée vendredi, alors que les conflits semblent toucher à leur fin dans deux entreprises où des menaces analogues avaient été proférées, JLG et Nortel.
Occupant depuis plusieurs semaines l'usine de pièces automobiles New Fabris de Châtellerault (Vienne), placée en liquidation judiciaire, les 366 salariés maintiennent leur menace de "faire sauter l'usine" avec des bonbonnes de gaz s'ils n'obtiennent pas, de la part de Renault et PSA, les deux principaux clients de l'entreprise, une prime de 30.000 euros d'indemnités par salarié.
Pour "montrer leur détermination", les salariés ont fait brûler vendredi dans la cour de l'usine une machine d'usinage "qui fabrique des pièces pour Renault".
Mais alors qu'une délégation de salariés voulait se rendre lundi au cabinet du ministre de l'Industrie Christian Estrosi, le ministère a fait savoir vendredi qu'"aucune rencontre" n'était "programmée".
"Le ministre pose un principe: il n'y aura pas de rencontre tant qu'il y a des menaces", a précisé le ministère.
La délégation n'ira donc pas à Paris, mais "il faut que M. Estrosi se rende compte que ce n'est pas du bluff", a expliqué Guy Eyermann, délégué CGT et secrétaire du CE.
Les salariés se disent d'autant plus déterminés à aller "jusqu'au bout" que des négociations jeudi avec la direction de Renault ont échoué. Les salariés jugent trop faibles les propositions.
Les "Fabris" sont les premiers à avoir brandi la menace de faire exploser des bonbonnes de gaz. Deux autres entreprises ont repris l'idée, l'équipementier en télécommunications Nortel à Châteaufort (Yvelines) et l'entreprise spécialisé dans les nacelles élévatrices JLG à Tonneins (Lot-et-Garonne).
Chez JLG, les salariés, en grève depuis trois semaines, avaient menacé de détruire des nacelles, pour obtenir de meilleures indemnités de départ pour 53 salariés (sur 163) devant être licenciés dans le cadre d'un plan social. La menace a été levée jeudi soir avec la tenue d'une réunion avec la direction.
A l'issue de la rencontre, les salariés ont obtenu l'indemnité supra-légale de 30.000 euros par personne qu'ils demandaient. Un accord a été signé.
"C'est un peu dommage quand on voit tout ce qu'il a fallu faire pour en arriver à ce résultat", a dit vendredi Christian Amadio, secrétaire du CE.
Chez Nortel, où 467 des 680 salariés sont concernés par un plan social, une possible sortie de crise s'est dessinée jeudi, à l'issue d'une réunion avec les représentants des salariés et les administrateurs français et anglais de Nortel Networks SA.
"Le principe de la signature d'un protocole de sortie de crise est acquis", a dit jeudi le ministère de l'Industrie après la réunion.
Vendredi soir, les représentants des salariés grévistes ont reçu la proposition d'accord des administrateurs français et anglais et du liquidateur. S'ils la valident, elle sera présentée aux salariés "sans doute lundi", mais "d'ici là, la grève continue", a indiqué à l'AFP le porte-parole des salariés grévistes.
Les salariés réclamaient au départ 100.000 euros par personne, mais ils n'ont pas exclu de "faire des concessions".
Lors de la réunion dans la nuit de mercredi à jeudi, les administrateurs avaient proposé un montant global de 5 millions d'euros d'indemnités supra-légales pour les 467 salariés concernés par le plan social (sur un total de 680 salariés), soit un peu plus de 10.000 euros par personne.j