Un restaurateur sur deux a baissé ses prix en contrepartie du passage de la TVA de 19,6 à 5,5%, deux semaines après l'entrée en vigueur de la mesure, un résultat "encourageant" assure le gouvernement qui compte toutefois sur une montée en puissance cet été.
"Un peu plus de la moitié des restaurateurs a baissé ses prix" depuis le 1er juillet, date de l'entrée en vigueur de la TVA à taux réduit, a précisé le secrétaire d'Etat au Commerce Hervé Novelli sur la foi de relevés dans plus de 3.750 restaurants entre le 6 et le 10 juillet.
Un résultat qualifié d'"encourageant", en raison du climat de "scepticisme général ces dernières semaines" sur la bonne volonté des restaurateurs. D'autant que le "contrat d'avenir", l'accord conclu entre le gouvernement et les organisations professionnelles sur cette baisse de prix, "est non-coercitif".
"Plus d'un tiers des restaurants" a baissé ses prix et apposé l'affichette officielle +La TVA baisse, les prix aussi+, a détaillé M. Novelli. En outre, "20% ont respecté l'esprit de l'accord", à savoir une baisse significative sur plusieurs produits, même s'ils n'ont pas apposé l'autocollant.
Celui-ci "est censé attirer les consommateurs et, paradoxalement, il fait peur aux restaurateurs qui craignent d'être plus souvent la cible de contrôles", note Bernard Boutboul, du cabinet d'études spécialisé Gira Conseil.
Peu après la publication de ces résultats, Christine Lagarde, ministre de l'Economie, a, elle, invité les restaurants indépendants à baisser leurs prix, soulignant que 90% des chaînes le faisaient déjà.
"C'est du donnant-donnant (...) Je crois que les consommateurs sauront faire la différence très vite entre ceux qui tiennent parole et baissent les prix -et il y en a beaucoup- et puis ceux qui ne veulent pas jouer le jeu", a ajouté Mme Lagarde.
Les restaurateurs s'étaient engagés à baisser les prix sur au moins sept produits de leur carte, à hauteur de 11,8%, en échange de la baisse de la TVA réclamée à cor et à cris depuis des années.
Les organisations patronales, auxquelles adhèrent environ un restaurateur sur deux, estiment que l'essentiel de leurs membres ont répondu à cet engagement.
La présidente de l'Umih, principal syndicat de restaurateurs, Christine Pujol, s'est ainsi déclarée "contente" de voir que les chiffres de Bercy "corroborent" ceux de son syndicat.
Elle a toutefois reconnu qu'il fallait "continuer à expliquer le contrat d'avenir" aux professionnels pour obtenir une plus grande adhésion.
"Il faut laisser du temps au temps, ça va finir par se faire", a plaidé Didier Chenêt, président du Synhorcat (2e syndicat), "pas surpris" que tous les restaurateurs n'aient pas réagi immédiatement.
M. Novelli a jugé que ces résultats étaient aussi de bon augure pour les autres pans du contrat d'avenir, l'emploi et la modernisation.
En échange de la baisse de la TVA, le patronat a promis 40.000 créations d'emploi supplémentaires sous deux ans.
Les hôtels-cafés-restaurants représentent quelque 900.000 emplois dont près de 700.000 salariés, les autres étant à leur compte ou travaillant en tant qu'aides familiales.
Des négociations sont en cours sur les augmentations de salaires, l'amélioration de la prévoyance et la création d'un mutuelle.
Le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez a promis qu'il irait "voir sur le terrain avec M. Novelli": "c'est une profession qui crée beaucoup d'emplois et je suis sûr qu'ils vont relever le défi".