Le secteur privé américain a détruit plus d'emplois que prévu en juin, semblant confirmer l'hypothèse d'une hausse du chômage pendant plusieurs mois encore, même si le rythme des suppressions de postes tend à ralentir.
Selon l'enquête mensuelle sur l'emploi publiée mercredi par le cabinet de conseil en ressources humaines ADP, les entreprises privées, qui représentent plus de 80% de la main d'oeuvre non agricole américaine, ont détruit 473.000 postes de travail en juin.
L'étude témoigne d'un ralentissement des suppressions d'emplois par rapport au mois précédent, mais bien moins important que prévu (les analystes tablaient sur 400.000 destructions de postes).
Le cabinet observe une "amélioration notable" de la situation au deuxième trimestre, où les suppressions de postes ont atteint 492.000 en moyenne chaque mois, par rapport au premier trimestre (691.000 emplois détruits chaque mois).
Il prévient cependant que les destructions devraient se poursuivre au moins pendant "plusieurs mois", "bien que peut-être pas aussi rapidement qu'au cours des six derniers mois".
Alors que les économistes et les autorités américaines prévoient une reprise de l'activité au second semestre, le président Barack Obama a averti récemment les Américains que le taux de chômage, qui affichait 9,4% en mai, devrait atteindre 10% d'ici à la fin de l'année, ce qui est aussi l'avis de plusieurs responsables de la banque centrale (Fed).
"Il faudra un temps considérable" pour sortir définitivement de la crise, avait alors déclaré M. Obama, reprenant à son compte l'idée que la montée continue du chômage pourrait entraver la reprise, que nombre d'économistes attendent lente et fragile.
Selon la Fed, le chômage devrait continuer de monter jusqu'à un moment avancé de 2010.
Malgré les résultats de l'enquête ADP, les analystes ne semblent pas modifier leurs prévisions pour le rapport officiel sur l'emploi (portant à la fois sur le secteur privé et le secteur public) qui sera publié jeudi par le département du Travail.
"ADP n'est pas infaillible", lance Ian Shepherdson, analyste du cabinet HFE.
Selon le consensus des analystes, le rapport du ministère devrait faire apparaître 363.000 suppressions d'emplois nettes en juin, après les 345.000 annoncées pour mai. Cela ferait grimper le taux de chômage à 9,6%, du jamais vu depuis juin 1983.
Notant elle aussi qu'ADP avait "surévalué de 194.000" le mois dernier le nombre de destructions de postes dans le privé, Elsa Dargent, économiste de Natixis, maintient sa prévision de 300.000 suppressions d'emplois au total pour le mois de juin, comme "le laissent penser les chiffres des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage, qui ont baissé en juin".
Le rapport du ministère "devrait montrer un nouvelle baisse du rythme des suppressions d'emplois", écrivent pour leur part les analystes de Barclays Capital dans une note.
Ils citent à l'appui de leur pronostic un rapport publié mercredi, par le cabinet Challenger, Gray & Christmas, selon lequel le nombre de suppressions d'emplois (aux Etats-Unis et à l'étranger) annoncées en juin par les entreprises américaines est tombé à son plus bas niveau depuis 15 mois.
L'indice ISM, publié également mercredi, montre également une amélioration de l'activité industrielle en juin, notent-ils.