Le directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy, a été sommé mercredi de partir par un administrateur, qui l'accuse de "fonctionner en cercle fermé" alors que les agents sont sur le terrain submergés par l'afflux de nouveaux inscrits au chômage.
"Il est grand temps de donner un second souffle à la fusion et de changer de directeur général", a déclaré aux Echos Alain Lecanu, représentant le syndicat des cadres CFE-CGC au conseil d'administration de Pôle emploi (organisme issu de la fusion ANPE-Assedic).
M. Charpy a dirigé l'ANPE de 2005 à 2008, avant de conduire sa fusion avec les Assedic.
"Six mois après la fusion, ce que je constate me conduit à tirer la sonnette d'alarme (...) la plupart des partenaires sociaux partagent mon constat", a ajouté M. Lecanu.
Celui-ci préside le comité d'évaluation de Pôle emploi, et à ce titre, s'est déjà rendu dans cinq régions. Selon lui, les personnels sont "bousculés" (conjoncture, RSA, perspective d'inscription massive à la rentrée) mais "malgré cela très courageux et très motivés", et "adhérent au projet de fusion pour améliorer le service aux demandeurs d'emploi".
En revanche, "le directeur général fonctionne en cercle fermé (...)", a jugé M. Lecanu, l'accusant de "mettre le conseil d'administration devant le fait accompli" et d'avoir ainsi "discrètement" placé l'ancien responsable des ressources humaines de l'ANPE au même poste à Pôle Emploi.
"Il ne se cache même plus de prendre ses ordres directement auprès du gouvernement. (...) Il nous faut à la tête du service public de l'emploi un vrai patron, qui vienne du privé car Pôle emploi n'est pas une administration comme l'était l'ANPE mais une entreprise", a encore asséné M. Lecanu.
Cette charge, pour le moins inhabituelle, intervient trois semaines après les critiques du président du conseil d'administration Dominique-Jean Chertier, qui jugeait notamment "pas tenable" qu'un conseiller suive plus de 150 chômeurs, comme cela arrive.
M. Charpy, 49 ans, énarque, a été nommé en mai 2008 par le gouvernement, qui souhaitait selon ses détracteurs de l'époque un directeur général politique pour mieux mettre en valeur les résultats sur le terrain en matière d'emploi.
Sa nomination avait suscité des critiques, notamment après un rapport de la Cour des comptes épinglant la dérive des rémunérations des dirigeants de l'ANPE ces dernières années.
M. Charpy a dû, à plusieurs reprises, démentir s'être octroyé une augmentation de 20% de sa rémunération à la tête de Pôle emploi (230.000 euros brut par an, comme du temps de l'ANPE). L'organisme compte environ 45.000 salariés.