La crise économique et financière va durablement peser sur la croissance mondiale, la demande intérieure des pays émergents restant trop faible pour compenser la récession des pays développés, selon une étude l'assureur-crédit Euler Hermes SFAC publiée jeudi.
"Le PIB mondial, au mieux stabilisé au niveau de 2006-2007 en 2010, ne retrouvera qu'une croissance modérée à moyen terme", souligne cette étude qui analyse les conséquences de la crise sur la mondialisation.
Depuis dix ans, la dynamique mondiale "a été portée par la demande des pays de l'OCDE", poussée par le crédit, et cette demande était aussi le "moteur extérieur" des pays émergents, a souligné la directrice des études, Karine Berger, lors d'une conférence de presse.
Les pays émergents pourront "trouver sur leurs marchés intérieurs des relais de croissance", mais leur demande intérieure, encore trop faible, "ne peut pas servir de locomotive de la croissance mondiale" à ce stade, selon Mme Berger.
L'étude explique la crise actuelle par "l'emballement du crédit" dans les pays développées, qui a généré au cours des cinq dernières années "entre 0,5 et 1 point par an de croissance mondiale excessive".
"Par conséquent, la contraction de -2 à -3% de PIB mondial anticipée cette année n'est sans doute pas une correction suffisante: la croissance mondiale devrait rester inférieure à sa tendance de 4% pendant quelques années" pour revenir à l'équilibre, observe Mme Berger.
Quand à "l'après-crise", il ne pourra pas conduire à une relance rapide du crédit et de la demande des pays de l'OCDE, la croissance de l'activité et des échanges mondiaux sera donc "en deçà du rythme observé ces dernières années".
"Dans les années à venir, on aura moins de mondialisation", a résumé le président du directoire de l'assureur-crédit, Michel Mollard, évoquant aussi une "contraction des investissements" et une résurgence du "risque pays" pour les économies émergentes, avec des difficultés de balance courante.
Selon Euler Hermes SFAC, la crise va donc marquer un "tournant" dans la mondialisation, amenant les entreprises de l'OCDE à modifier leur "stratégie d'internationalisation", avec toutefois des différences en fonction des secteurs d'activité et de leur degré de "maturité" dans la mondialisation.