
Déjà affaiblies par la crise, certaines pme jugent contraignant de rester en Bourse où lever des fonds s'avère un casse-tête, et vont parfois jusqu'à envisager un retrait de la cote.
"Avec la crise, les PME n'intéressent pas les investisseurs habituels. Les titres ne sont pas assez liquides (échangeables) en Bourse", constate Anne-Laure Mazin, directrice de la communication de Sodifrance, une PME informatique de 850 salariés.
L'entreprise a ainsi lancé en avril une opération de rachat de ses actions, qui, en cas de succès, pourrait déboucher sur un retrait de la cote.
"Depuis 12 à 18 mois, il est quasiment impossible de lever des fonds en Bourse. Or, les valeurs (moyennes) ont choisi la Bourse comme levier de leur croissance", confirme Guy Mamou-Mani de Middlenext, une association qui défend l'intérêt de 120 PME cotées à Paris.
Cette paralysie des marchés vient s'ajouter aux "robinets des banques" qui sont encore fermés alors que les crédits sont accordés au compte-gouttes, dit-il.
Pour convaincre les investisseurs de les financer, les PME doivent consentir d'importantes décotes lors de leur augmentation de capital.
L'éditeur de logiciels Avanquest a ainsi levé en mars près de 7 millions d'euros, mais avec une décote de 70%, par rapport au cours du jour précédant le lancement de l'augmentation de capital.
Pour les PME, de telles concessions peuvent les mettre en péril car elles doivent proposer un prix attractif, alors même que les cours sont au plus bas.
L'action Sodifrance "évoluait de manière chaotique avec de faibles volumes avant la crise puis beaucoup d'investisseurs ont vendu, et le cours a plongé à 1,95 euro en novembre-décembre. Depuis il ne bouge plus", souligne Mme Mazin.
Cette baisse des cours est d'autant plus mal vécue par les entreprises qu'elle ne traduit pas forcément leur état de santé, car leur taux d'endettement est en général moins élevé que celui des grandes valeurs, souligne Gael Faijean, directeur du bureau d'analyse IDMidcaps.
Certaines PME en concluent que le marché présente trop d'inconvénients et pas assez d'avantages, même si le passage à l'acte reste rare: 44 entreprises se sont retirées du marché en 2008, un chiffre stable par rapport à 2007.
Car en dépit de ses contraintes, la Bourse apporte une certaine notoriété, notamment à l'étranger et permet aux dirigeants d'entreprises d'être plus souvent en contact entre eux et avec les investisseurs.
Chez Toupargel, une entreprise de livraison de surgelés, la publication et l'impression des rapports d'activité a coûté en 2008 près de 200.000 euros.
L'entreprise exclut toutefois de se retirer de la Bourse, arguant que cette somme correspond à des frais de communication et revient finalement à un coût "relativement faible".
En outre, "il faut aussi se souvenir qu'il y a eu une période où le cours (des PME) était plus haut et leur visibilité plus importante", rappelle pour sa part Martine Charbonnier, directeur exécutif, responsable des relations avec les sociétés cotées, de NYSE Euronext.
Pour aider les PME cotées à surmonter la crise, l'opérateur boursier a facilité le transfert d'Euronext vers Alternext, marché aux obligations allégées et a également ouvert la possibilité d?effectuer des placements privés pour lever des sommes relativement modestes (entre 3 et 5 millions d'euros), sans passer par le marché.