
L'Europe s'est enfoncée en début d'année dans une récession économique encore plus grave qu'aux Etats-Unis, d'où est pourtant partie la crise financière, suscitant une grogne sociale grandissante à mesure que se multiplient les annonces de suppressions d'emplois.
Le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a chuté de 2,5% au premier trimestre, une baisse sans précédent dans son histoire, selon des chiffres publiés vendredi par l'Office statistique européen Eurostat.
Cette baisse est pire que prévu par les économistes. Elle marque le quatrième trimestre consécutif de repli de l'activité dans la zone euro, après un recul de 0,2% tant au deuxième qu'au troisième trimestre 2008, puis de 1,6% au quatrième trimestre.
L'économie de l'ensemble de l'Union européenne a également chuté de 2,5%.
La contraction de l'économie européenne est largement supérieure à celle des Etats-Unis, d'où est pourtant partie la crise financière à l'origine aujourd'hui d'une récession mondiale sans précédent depuis 1945. Ils ont connu un repli de 1,6% de leur PIB au premier trimestre par rapport au précédent.
Cette situation se traduit en Europe par une envolée du chômage, qui n'a cessé d'augmenter ces derniers mois dans la zone euro. La Commission européenne prévoit qu'il atteigne 9,9% cette année, puis 11,5% en 2010, avec 8,5 millions d'emplois qui devraient être détruits dans l'UE.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a d'ailleurs pronostiqué début mai "une crise sociale" en Europe, en exhortant les entreprises à éviter les licenciements massifs.
Signe de la grogne sociale montante en Europe, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté jeudi à Madrid à l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES) pour défendre l'emploi.
Des milliers d'autres sont encore descendues dans la rue vendredi à Bruxelles dans le cadre de ce mouvement européen, avant des manifestations samedi à Berlin et à Prague.
L'activité européenne a été tirée vers le bas par l'Allemagne, première économie du continent, qui a connu un début d'année encore plus dramatique que redouté, avec une contraction de 3,8% de son PIB.
Ce pays, particulièrement touché par le ralentissement mondial du fait de l'importance des exportations dans son économie, accuse la plus forte baisse trimestrielle de son Produit intérieur brut depuis quarante ans.
L'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni connaissent également des chutes historiques, avec un repli de 2,4% pour l'Italie, de 1,9% pour le Royaume-Uni et de 1,8% pour l'Espagne. C'est la pire contraction depuis près de trente ans pour l'Italie et le Royaume-Uni, et depuis presque quarante ans en Espagne.
La France, qui s'en sort un peu mieux pour le moment, voit son PIB chuter de 1,2%.
Malgré tout, les économistes estiment que l'économie de la zone euro devrait avoir touché le fond et que ce trimestre devrait être le pire de la récession.
"Il est extrêmement probable que le premier trimestre ait marqué le creux de la récession", souligne Marco Valli, économiste chez Unicredit.
"Cela devrait marquer le point bas de la récession, alors qu'il y a des signes grandissants que le taux de contraction de l'activité ralentit maintenant de façon appréciable", juge également Howard Archer, économiste à l'institut Global Insight.
La reprise proprement dite apparaît elle encore lointaine. La Commission européenne tout comme les économistes tablent sur un nouveau recul du PIB dans la zone euro au deuxième trimestre, et une forte récession sur l'ensemble de l'année, qui devrait atteindre 4% selon Bruxelles, avant un redressement courant 2010.