Les ventes de détail aux Etats-Unis ont reculé pour le deuxième mois consécutif en avril, traduisant les difficultés de la consommation à se stabiliser et semblant confirmer que la reprise économique tant espérée devrait mettre du temps à s'installer.
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés mercredi par le département du Commerce, les ventes de détail ont baissé de 0,4% par rapport à mars, après une chute de 1,3% (chiffre révisé) en février.
La baisse est donc moins rapide que le mois précédent, mais elle a déçu les analystes, qui espéraient une stabilisation.
L'indice des ventes de détail ne prend pas en compte les variations de prix mais donne une bonne idée de la tendance de la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance économique américaine. Fin avril, il était inférieur de 10,1% à ce qu'il était un an plus tôt.
Après l'effondrement des dépenses de consommation au second semestre 2008, les ventes de détail avaient connu deux mois de hausse en janvier et février, et la consommation des ménages a progressé de 2,2% en rythme annuel au premier trimestre, sans pour autant empêcher une contraction de la croissance de 6,1%.
La consommation des ménages est capitale pour l'économie américaine puisqu'elle représente en temps normal plus des deux tiers de la croissance du produit intérieur brut.
Mais les chiffres de mars puis d'avril viennent rappeler que les "jeunes pousses" de l'économie --selon les mots du président de la Réserve fédérale Ben Bernanke-- pourraient encore se dessécher, avant même de fructifier.
Ca "ressemble plus à des pissenlits qu'à des jeunes pousses", lance Brian Bethune, du cabinet IHS Global Insight.
M. Bernanke a estimé que la reprise de l'économie, qu'il voit arriver avant la fin de l'année, serait poussive et que la première économie mondiale mettrait du temps avant de retrouver son "potentiel de croissance".
Les chiffres de mercredi montrent que l'économie a pris "un départ médiocre au deuxième trimestre", estime Michelle Meyer, économiste de Barclay's Capital.
Selon elle, les dépenses de consommation devraient être "faibles" malgré le coup de pouce que les ménages reçoivent par l'intermédiaire du plan de relance américain promulgué en février.
"Les consommateurs continuent de se battre contre les effets à retardement de la faiblesse du marché du travail et de leur fort appauvrissement" résultant de la chute des prix de l'immobilier, note-t-elle. Ces facteurs devrait les freiner dans leurs dépenses et les inciter à épargner, comme c'est déjà le cas depuis plusieurs mois.
Scott Hoyt, de Moody's Economy partage cet avis. Pour lui, "les consommateurs vont rester très prudents dans leurs dépenses". "Comme les entreprises, ils s'efforcent de conserver des liquidités" pour l'avenir.
Malgré leur plus grande confiance en l'avenir, les consommateurs semblent estimer qu'il reste beaucoup d'incertitudes, du fait de la montée continue du chômage, qui atteint désormais 8,9%, son plus haut niveau depuis 1983.
"Les seize mois consécutifs de suppressions d'emplois pèsent lourdement sur l'esprit des consommateurs. Le fait que les entreprises coupent dans la main-d'oeuvre à un rythme plus lent n'apporte que peu de réconfort", estime Michael Gregory, économiste de BMO Capital Markets.