Le groupe européen d'aéronautique et de défense EADS a annoncé des résultats décevants au premier trimestre et s'attend à une année 2009 difficile avec la crise de l'aérien, à laquelle s'ajoutent les retards du programme d'avion de transport militaire A400M.
De janvier à mars, son bénéfice net a chuté de 40% à 170 millions d'euros, son bénéfice d'exploitation de 70% à 232 millions d'euros et son chiffre d'affaires de 14% à 8,46 milliards d'euros.
"Ces chiffres sont décevants et accompagnés d'un message à tonalité réaliste mais morose", ont estimé les analystes de Natixis Securities. Un jugement partagé à la Bourse de Paris, qui a sanctionné le titre dans la matinée.
Le fabricant d'avions, hélicoptères, missiles et satellites, a insisté sur les risques liés à l'A400M, empêtré dans des retards, et sur la faiblesse du marché de l'aérien, pesant sur Airbus, sa principale filiale qui contribue aux deux tiers de son chiffre d'affaires.
"Le programme A400M reste l'une de NOS préoccupations majeures et nous devons trouver des solutions communes portant sur le cadre technique et commercial du contrat afin de partager les risques de manière équilibrée avec nos clients", déclare le président exécutif d'EADS, Louis Gallois, cité dans le communiqué.
Le groupe prévoit de discuter jusqu'à fin juin avec sept pays clients (Allemagne, Espagne, France, Royaume-Uni, Turquie, Belgique et Luxembourg) de l'avenir de ce programme de 20 milliards d'euros.
L'appareil, dont les progrès sont retardés en particulier par des problèmes de motorisation, "progresse vers le premier vol", assure EADS, sans fixer de date.
Les premiers exemplaires de l'appareil ne devraient pas être livrés avant 2012 au plus tôt, au lieu de fin 2009, selon le calendrier initial.
Alors que plus de 2,2 milliards d'euros -- dont 120 millions au premier trimestre -- ont été provisionnés à ce jour pour faire face aux risques éventuels du programme, EADS prévient que de nouvelles provisions pourraient suivre.
"Toutes les conséquences financières des retards accusés à ce jour par le programme ne seront connues" qu'une fois les négociations avec les clients "finalisées", met-il en garde.
Cet appareil à hélices polyvalent doit répondre à un ambitieux cahier des charges: transporter des troupes et du matériel, assurer des missions de maintien de la paix, humanitaires, et le ravitaillement en vol de nombreux autres avions.
Côté avions civils, EADS reconnaît que l'objectif de 300 nouvelles prises de commandes brutes (c'est-à-dire avant d'éventuelles annulations) cette année "sera difficile à réaliser", réitérant une mise en garde faite lundi par le directeur commercial d'Airbus, John Leahy.
Toutefois, il souligne que le carnet de commandes reste solide (3.600 appareils) grâce à "un niveau de sur-réservations pour les prochaines années", qui permettent de compenser les reports ou annulations de la part des compagnies aériennes.
Ces dernières, confrontées à une baisse du trafic de passagers et de fret depuis l'éclatement de la crise en octobre dernier, rechignent à acquérir de nouveaux appareils --dont les prix oscillent entre 56 et 337 millions de dollars selon leur taille-- d'autant plus que les crédits sont difficiles à obtenir.
Pour aider ses clients à financer leurs achats et ses fournisseurs, affectés par la baisse de l'activité, EADS a prévu une enveloppe pouvant aller jusqu'à 1,5 milliard d'euros en 2009.