
Dassault Aviation va mettre en place du chômage partiel en France à partir de fin septembre jusqu'à fin décembre et va licencier quelque centaines de personnes aux USA, a indiqué lundi le patron de l'avionneur français, Charles Edelstenne.
Les mesures de chômage partiel, qui sont en cours de négociation, devraient être de trois jours et demi par mois et concernent le personnel de production, soit 2.000 personnes en France, a-t-il précisé en marge du Salon de l'aviation d'affaires à Genève Ebace.
En décembre, le constructeur des jets d'affaires Falcon, plombé par la crise qui oblige les entreprises à serrer leur budget, se penchera sur la question d'éventuels licenciements. "On verra si on est obligé de faire comme les autres", a dit M. Eldestenne, en allusion à ses rivaux d'Outre Atlantique qui ont déjà annoncé des licenciements.
Aux USA, Dassault Aviation va licencier quelque centaines de personnes sur 2.500 à 3.000 salariés. "Ce sera progressif", a-t-il dit sans donner de calendrier.
Le 8 avril dernier, l'avionneur avait informé en comité central d'entreprise ses salariés de la possibilité de chômage partiel en France, "selon les besoins et les établissements".
C'est la première fois depuis la dernière grande crise du secteur fin 1990-début 1991 que Dassault Aviation procède à de telles mesures. A l'époque, l'entreprise avait réduit ses effectifs et fermé des usines, sans toutefois procéder à des licenciements secs.
M. Edelstenne s'est déclaré "encore plus pessimiste" que le 19 mars lors de sa conférence de presse-bilan, où il avait laissé entendre qu'il pourrait y avoir plus d'annulations que de commandes de Falcon en 2009.
L'an passé, il avait enregistré 115 commandes nettes -- c'est-à-dire défalquées des annulations --.
A propos de la crise qui touche particulièrement son industrie, M. Eldestenne a estimé que la difficulté était due à son caractère soudain: "la crise est arrivée au moment où nous étions en pleine montée en cadence".
Il a cependant estimé "ne pas être très loin du fond. Cela ne peut que s'améliorer, quand on est au plus bas".
Le marché des Falcon d'occasion montre en effet depuis quelques mois des signes de reprise. Au début de l'année, il y en avait environ 160 à vendre -- trois à quatre fois plus que normalement --, mais depuis leur nombre a baissé, a précisé un porte-parole du groupe. Et quand les entreprises revendent leur avion d'occasion, elles peuvent en acheter un nouveau, a-t-il expliqué.
Au cours du premier trimestre de 2009, Dassault Aviation a enregistré plus d'annulations que de commandes de Falcon, soit un solde négatif de 27 avions, contre un positif de 28 sur la même période 2008.
La crise de l'aviation d'affaires, secteur qui représentait en 2008 79% des prises de commandes consolidées, accroît la nécessité pour Dassault Aviation d'exporter son avion de combat Rafale --ce qu'il n'a pour l'instant jamais réussi à faire--.
"Un contrat sur le Rafale résoudrait une grande partie des problèmes", a dit M. Eldestenne, tout en soulignant que l'exportation d'un avion de combat était un acte politique. Parmi les pays intéressés, les Emirats Arabes Unis, la Lybie, le Brésil, la Suisse et la Grèce.