
Les autorités américaines vont publier la semaine prochaine les résultats du "test de résistance" qu'ont passé les grandes banques du pays et qui pourraient montrer que certains établissements ont encore besoin de lever des fonds propres supplémentaires.
Les résultats de ces simulations réalisées par la Réserve fédérale et d'autres régulateurs bancaires devraient être dévoilés jeudi.
Selon une source gouvernementale, des détails relatifs à chacun des établissements examinés seront alors rendus publics.
Ce "test" doit mesurer la capacité des 19 plus grandes banques américaines --celles détenant plus de 100 milliards de dollars d'actifs-- à résister à une dégradation supplémentaire de la conjoncture. Dans l'esprit de ses concepteurs, cet examen devait permettre d'évacuer les doutes persistants sur la solvabilité du système bancaire américain.
Objectif largement raté: les critiques se sont déchaînées sur la pertinence et l'opacité du processus. Nombre d'analystes ont émis la crainte que la publication des tests ne déchaîne de nouvelles attaques boursières contre les établissements désignés comme les plus faibles.
"Certains ont trouvé que les critères n'étaient pas assez sévères, d'autres que le test était basé sur des projections économiques trop pessimistes, avec une prévision de contraction de l'économie de 3,3% cette année", résume Gregory Volokhine, de Meeschaert New York.
Selon M. Volokhine, le marché prévoit que les tests concluront "au besoin de plus de capital pour les banques, et c'est pour cela que ces dernières ne sont pas satisfaites: cela suggère que ça va entraîner d'une façon ou d'une autre une augmentation de la participation de l'Etat dans les banques".
"Sans le dire clairement, le gouvernement se donne l'occasion de +nationaliser+" les banques aux bilans les plus faibles et en manque de fonds propres", renchérit Douglas McIntyre, analyste du site 247WallSt.
Selon lui, les banques réalisant un faible score au "test", vont voir échouer leur tentatives de se tourner vers les marchés privés de capitaux, ce qui fera du gouvernement fédéral "le prêteur de dernier recours".
Le soulagement apporté par les résultats meilleurs qu'attendu des banques au premier trimestre n'aura été que de courte durée. L'agence de notation Standard and Poor's (S&P) l'admet dans un rapport sectoriel publié vendredi: "la crise du crédit est plus dure que nous l'envisagions".
L'agence "estime que la moitié des banques ayant passé le test pourraient avoir besoin de lever du capital additionnel".
Selon des estimations citées par M. McIntyre, le géant Bank of America pourrait ainsi nécessiter jusqu'à 70 milliards de dollars supplémentaires, après avoir déjà bénéficié de 45 milliards d'aide publique.
Une note récente de Morgan Stanley affirmait que les grosses banques régionales SunTrust, KeyCorp et Regions Financial allaient devoir lever de nouveaux fonds. La grande banque Wells Fargo serait un cas limite....
Les récentes prévisions économiques renforcent le scénario d'une intervention de l'Etat, estiment plusieurs analystes.
"Les pouvoirs publics risquent d'être contraints de prendre des mesures supplémentaires pour restaurer la stabilité financière, alors que la région fait face à sa pire récession depuis plus d'un demi-siècle", déclare David Song, du site CFDTrading, citant la projection du FMI d'une contraction de 1,3% de l'économie mondiale cette année.