Les restaurateurs, touchés de plein fouet par la chute de la consommation, se sont engagés mardi à baisser certains prix de 11,8% et à créer 40.000 emplois, après avoir obtenu que la TVA soit baissée à 5,5% dès cet été comme ils le réclamaient depuis des années.
Nicolas Sarkozy a répondu aux souhaits des restaurateurs: l'application du taux réduit de TVA à 5,5%, contre 19,6% actuellement, se fera dès le 1er juillet au lieu du 1er janvier 2010 longtemps évoqué.
Cette annonce a été très vivement applaudie par le millier de professionnels qui participaient aux états généraux de la restauration mardi à Bercy.
Le président de la République "a compris qu'il fallait sauver la saison", a commenté Dany Deleval, vice-présidente de l'Umih, le principal syndicat de restaurateur.
Promesse de Jacques Chirac en 2002, reprise par Nicolas Sarkozy, la baisse de la TVA dans la restauration, avait été autorisée par l'Union européenne le 10 mars.
"Dans la conjoncture actuelle, cela va permettre d'éviter une hécatombe parmi les professionnels", a assuré Jean-François Girault, président de la CPIH, qui fédère surtout des petits restaurants indépendants.
Huit syndicats de restaurateurs et le gouvernement ont signé un "contrat d'avenir" recensant les engagements en termes de prix, d'emploi et d'investissement.
Sur les prix, les restaurateurs devront choisir sept produits dans une liste de dix (café, eau minérale, plat du jour..) sur lesquels ils répercuteront en totalité la baisse de la TVA, soit une baisse de prix de 11,80%.
En échange, ceux qui appliqueront cette baisse des prix pourront apposer une affichette bleu-blanc-rouge en devanture: "La TVA baisse, les prix aussi".
Les restaurateurs se sont également engagés à créer 40.000 emplois d'ici 2 ans, dont la moitié pérennes et l'autre en contrat d'apprentissage ou de professionnalisation, et à ouvrir des négociations pour revaloriser les salaires.
La proposition de baisse de la TVA au 1er juillet sera incluse dans le projet de loi Tourisme en cours d'examen au Parlement.
"Enfin, nous allons renvoyer du pouvoir d'achat aux Français", a commenté Didier Chenêt, président du Synhorcat, deuxième syndicat de la profession.
La baisse de prix est "une véritable opportunité pour les restaurateurs, dont l'activité a baissé de 10 à 20% en province, de redonner aux consommateurs l'envie de retourner au restaurant", a renchérit Philippe Labbé, président du syndicat de la restauration thématique et des chaînes, et président des restaurants Courtepaille.
Le secrétaire d'Etat au commerce Hervé Novelli va entamer dès mercredi "un tour de France de la restauration pour expliquer ce contrat d'avenir et engager tous les restaurateurs à le suivre".
Mais sur le terrain, il risque d'être confronté à des professionnels réticents à s'engager sur les prix.
"Je ne baisserai pas les prix car je ne peux pas", lance ainsi Andres Sanchez, patron du Sélect Bourse, à Paris (IIe).
"La baisse de prix, on va la faire, mais pas forcément sur le menu", explique également Véronique Gaulon, restauratrice à Châteauroux
Sur le plan budgétaire, le manque à gagner pour les caisses de l'Etat, dont la TVA constitue la principale recette fiscale, est évalué à 2 milliards d'euros. En revanche, les retombées fiscales des engagements de la profession n'ont pas encore été évaluées, a expliqué M. Novelli.
Ce sera l'une des missions du comité de suivi chargé de rendre compte tous les 6 mois de l'application des mesures.